Le tabloïd britannique Daily Mail a défendu mardi «l'acquisition» d'une vidéo montrant une fusillade lors des attentats de Paris, alors que la diffusion de ces images très violentes, et le prix qu'aurait payé le journal - 50 000 euros - suscitaient des réactions indignées en France.

Le Daily Mail a diffusé sur son site internet les images des caméras de vidéosurveillance du restaurant Casa Nostra, un des sites frappés par les attaques djihadistes qui ont fait 130 morts et 350 blessés le 13 novembre dernier.

«Il n'y a rien dans l'acquisition par le Daily Mail de cette vidéo qui puisse faire l'objet d'une controverse», a déclaré un porte-parole du journal dans un courrier électronique adressé à l'AFP.

«Elle a été obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux et fournit une perspective essentielle» sur les attentats, a-t-il ajouté, sans préciser dans quelles conditions le journal a mis la main sur les images.

L'achat de photos ou vidéos pour de fortes sommes d'argent, en particulier lorsqu'elles ont un caractère sensationnel, est une pratique courante au sein des médias britanniques.

Selon le journaliste Djaffer Ait Aoudia, le Daily Mail aurait payé «50 000 euros» au gérant du restaurant.

«Ils ont démarré à 12 000 et la négociation a été tellement énorme, ils avaient vraiment envie d'avoir ces images... Ils sont passés à 20 000, ensuite à 28 000 et au bout on s'est arrêté à 50 000 euros (71 000 $), cash», a déclaré le journaliste dans l'édition de lundi du Petit journal de Canal+.

Djaffer Ait Aoudia décrit dans l'émission plusieurs séquences vidéo tournées en caméra cachée et dans lesquelles une personne, présentée comme le patron du restaurant, montre, dans la cave de l'établissement, les images de la fusillade aux journalistes du Daily Mail.

La transaction a eu lieu «samedi matin (...) le lendemain de l'attentat», affirme Djaffer Ait Aoudia, qui explique également que les images de l'attaque «étaient cryptées par la police».

Dans les images tournées en caméra cachée, la personne identifiée comme le gérant explique alors qu'un «as en informatique» va les décrypter.

«Il a réussi à détourner le code et à extraire les images et à les refourguer aux journalistes du Daily Mail», dit Djaffer Ait Aoudia.

«Ils ont donné la vidéo au Daily Mail, ils ont détruit le disque dur (...) à coups de matraque sur le sol. C'était la garantie dont le Daily Mail pouvait disposer pour avoir l'exclusivité sur les images parce qu'on ne pouvait pas signer de contrat officiellement», ajoute-t-il.

Le Daily Mail a assuré de son côté que les images n'étaient pas cryptées, et que l'intervention de l'«as en informatique» était destinée à régler un problème de mot de passe.