Un commanditaire, neuf exécutants, un «vétéran» pour revendiquer et sans doute de nombreux complices : les attentats de Paris ont mobilisé une équipe de djihadistes aux profils et trajectoires variés.

L'organisateur présumé

Les enquêteurs pensent qu'Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans, est l'organisateur des attentats, qui ont fait 129 morts vendredi soir. Un assaut a été mené mercredi matin sur un appartement au nord de Paris pour l'interpeller. On ignore encore s'il fait partie des personnes décédées ou interpellées.

Ce djihadiste, qui se fait appeler Abou Omar Soussi (du nom de la région du sud-ouest du Maroc dont sa famille est originaire) ou Abou Omar al-Baljiki («le Belge»), est devenu un membre très actif du groupe armé État islamique (EI) en Syrie, d'où il nargue les polices européennes.

Il avait fait la une des journaux belges début 2014, après avoir emmené en Syrie son petit frère Younes, 13 ans. Il aurait rejoint d'autres combattants belges, rassemblés dans une brigade d'élite de l'EI.

En février, il se vante d'avoir fait un aller-retour en Europe pour préparer des attentats en Belgique, déjoués de justesse par un raid de la police belge sur la ville de Verviers à la mi-janvier.

Les assaillants du Bataclan

Une équipée de trois hommes, dont deux identifiés, porteurs d'armes de guerre surgissent d'une Polo noire et font un carnage dans cette salle de spectacle parisienne, tuant 89 personnes. Deux ont déclenché leurs ceintures piégées lors de l'assaut, un troisième a été touché par un policier et sa ceinture a explosé.

OMAR ISMAÏL MOSTEFAÏ

Le kamikaze de 29 ans a été identifié par l'empreinte d'un doigt sectionné. Ce jeune Français né à Courcouronnes, dans la banlieue sud de Paris, a un passé de petit délinquant condamné huit fois entre 2004 et 2010, mais n'a jamais été incarcéré.

Fiché pour radicalisation depuis 2010, ce père de famille fréquentait la mosquée de Lucé, près de Chartres (centre), et a séjourné en Syrie. Selon un responsable turc, Ankara avait «informé la police française deux fois, en décembre 2014 et juin 2015» à son sujet, sans toutefois ne jamais avoir «de retour de la France».

SAMY AMIMOUR

Originaire de Drancy, banlieue populaire au nord-est de Paris, cet ex-chauffeur de bus des transports parisiens âgé de 28 ans était dans le radar des services français depuis plusieurs années : il avait été inculpé en 2012 pour avoir voulu aller au Yémen.

Il avait rejoint la Syrie en 2013 et était visé par un mandat d'arrêt international. Au printemps 2014, son père avait réussi à le rencontrer en Syrie, mais avait échoué à le convaincre de rentrer, selon son témoignage à l'AFP. Ses parents ont perdu tout espoir sur son retour, quand ils ont appris qu'il s'était marié et attendait un enfant.

L'équipe des terrasses

Les enquêteurs disposent d'une vidéo qui atteste la présence de trois assaillants, qui ont abattu 39 personnes attablées aux terrasses de cafés et restaurants de l'est de Paris, se déplaçant à bord d'une SEAT noire.

BRAHIM ABDESLAM

Ce Français résidant en Belgique, 31 ans, s'est fait exploser seul dans un restaurant, blessant grièvement une personne. Né le 30 juillet 1984, il a loué la SEAT, immatriculée en Belgique et retrouvée à Montreuil, près de Paris, le lendemain des attaques. Selon les médias belges, il était propriétaire d'un bar dans la commune bruxelloise de Molenbeek, fermé parce qu'il avait été utilisé pour la consommation de stupéfiants.

SALAH ABDESLAM

Outre sa participation à ce commando, ce frère de Brahim a joué un rôle logistique : il a loué la Polo noire retrouvée devant le Bataclan, une Clio retrouvée dans le nord de Paris, et des chambres d'hôtel en banlieue parisienne quelques jours avant l'assaut.

En fuite, ce Français de 26 ans né en Belgique, semble avoir été exfiltré samedi après un appel à des complices venus de Belgique, Mohammed Amri, 27 ans, et Hamza Attou, 20 ans, inculpés à Bruxelles pour «attentat terroriste» et écroués.

Un autre frère, Mohamed, interrogé puis relâché par la police belge, le décrit comme un «garçon normal», dont rien n'indiquait qu'il s'était radicalisé.

Le troisième membre du commando, non identifié, pourrait lui aussi avoir échappé à la police.

Stade de France

Les enquêteurs pensent que la troisième équipe était composée de trois kamikazes, dont un seul clairement identifié, qui se sont fait exploser aux abords du Stade de France au nord de Paris.

BILAL HADFI

Autre Français résidant en Belgique, il n'avait que 20 ans. Il est allé en Syrie dans les zones de djihad. Cheveux bruns et allure juvénile, le jeune homme avait posté sur son compte Facebook des photos de kalachnikov et d'un arsenal. Sur une autre, c'est lui qu'on voit torse nu et fusil à l'épaule mettre en joue une cible.

L'HOMME AU PASSEPORT SYRIEN

À côté de son corps, un passeport syrien au nom d'Ahmad al-Mohammad a été retrouvé. Mais cette identité est sans doute fausse : elle correspondrait à celle d'un soldat de Bachar al-Assad, tué il y a plusieurs mois. Si le kamikaze a bien été contrôlé début octobre en Grèce, selon ses empreintes, parmi le flot des migrants fuyant la Syrie, le mystère demeure sur sa nationalité comme sur son identité. La police française a diffusé mardi soir sa photo et lancé un appel à témoins.

PHOTOS AFP

De gauche à droite: Samy Amimour, le présumé Ahmad al-Mohammad, Abdelhamid Abaaoud, Salah Abdeslam et Bilal Hadfi.

La voix de la revendication

La voix de Fabien Clain, vieux routier du djihadisme français âgé de 37 ans, a été identifiée sur l'enregistrement audio de revendication des attentats par l'EI. Il s'y réjouit de la mort des «idolâtres» du Bataclan et menace. Ce «n'est que le début de la tempête».

Converti à l'islam dans les années 1990, radicalisé dans les années 2000, il était proche de Mohamed Merah qui en mars 2012 a tué sept personnes au nom du djihad à Toulouse et Montauban (sud-ouest).

Fabien Clain a été condamné en 2009 pour avoir organisé une filière djihadiste vers l'Irak. À sa libération, il est parti en Syrie, où il fait figure de mentor parmi les quelque 850 Français et Belges qui seraient actuellement dans le pays.

PHOTO AFP

Fabien Clain