Les enquêteurs sur les attentats de Paris pensent avoir identifié l'un des commanditaires des sanglantes attaques de vendredi, rapporte Le Monde: Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge de 28 ans.

Il est encore tôt pour établir le degré d'implication d'Abaaoud, mais il est établi que celui-ci est un proche de Salah Abdeslam, le frère recherché de l'un des kamikazes de vendredi. Les deux hommes ont en effet été arrêtés en Belgique ensemble en 2010 dans une histoire de braquage.

Abdelhamid Abaaoud est connu en Belgique pour son implication active dans le djihadisme, notamment en raison de son activisme sur les réseaux sociaux. Il est aussi apparu dans une vidéo de propagande de l'État islamique en plus de faire l'objet d'un «reportage» dans un journal édité par le groupe terroriste.

Le Belge de 28 ans, né à Molenbeek-Saint-Jean, serait lié à au moins trois autres projets d'attentats, toujours selon Le Monde :

• Attaque ratée contre une église de Villejuif en avril 2015

• Projet avorté d'attaquer une salle de spectacle en août 2015

• Il était en contact avec Mehdi Nemmouche qui a attaqué le Musée juif de Bruxelles en mai 2014.

Le nom d'Abdelhamid Abaaoud a fait surface en janvier dernier quand la police belge a démantelé à Verviers un réseau islamiste quelques jours après l'attaque contre Charlie Hebdo. Il est soupçonné d'avoir été le cerveau derrière ce groupe dont deux membres ont été tués lors de la frappe policière.

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Les enquêteurs pensent qu'Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans, était l'organisateur des attentats du 13 novembre, qui ont fait 129 morts.

Il serait parti pour la Syrie au début de 2013 pour revenir vers la fin de l'année avant d'y retourner en 2014. Abdelhamid Abaaoud a figuré dans une vidéo de propagande de l'État islamique.

Vendeur sans histoire

Rien ne semblait destiner le jeune Belge à devenir djihadiste, selon son père, Omar Abaaoud, un Marocain d'origine. Dans une entrevue au quotidien belge Het Laatste Nieuws, l'homme a expliqué qu'il avait acheté un commerce de vêtements pour permettre à son fils aîné d'y faire carrière. «Abdelhamid n'était pas un enfant difficile et c'était devenu un bon commerçant. Mais tout à coup, il est parti pour la Syrie. Je me suis demandé tous les jours pour quelle raison il s'était radicalisé à ce point. Je n'ai jamais reçu de réponse.»

Omar Abaaoud est né au Maroc, mais a émigré en Belgique il y a une quarantaine d'années pour refaire sa vie en Belgique. Il a commencé en travaillant dans une mine, puis s'est lancé dans la vente de vêtements. Il s'est dit anéanti par le combat de son fils aîné. «J'ai honte pour mon fils. Il a ruiné nos vies», avait-il déclaré.

Le père Abaaoud en veut d'autant plus à Abdelhamid que ce dernier a convaincu son plus jeune frère, Younes, de le rejoindre pour combattre en Syrie. Celui-ci avait à peine 13 ans quand il a rejoint les rangs du groupe État islamique.

Venger les musulmans

Dans quelques vidéos et entrevues ayant fait surface, Abdelhamid Abaaoud dit vouloir venger les musulmans victimes de ceux qu'il qualifie de «croisés». «Toute ma vie, j'ai vu le sang des musulmans couler. Je prie pour qu'Allah casse le dos de ceux qui s'opposent à lui, de ses soldats et de ses admirateurs, et qu'il les extermine», peut-on l'entendre dire dans une vidéo datant de 2014.

En février 2015, il a accordé une entrevue au magazine Dabiq dans lequel le groupe État islamique fait l'apologie du djihad. Il y confirme avoir travaillé avec deux autres Belges tués dans une opération policière quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo. «Nous avons obtenu des armes et établi une cache pendant que nous planifions nos attaques contre les croisés.»

Dans ses menaces, il a ciblé «les croisés des États-Unis, de France, du Canada, d'Australie, d'Allemagne et de Belgique».

Le nom d'Abaaoud a commencé à circuler quand une vidéo de lui en Syrie a fait surface. Dans l'entrevue à Dabiq, il confirme l'authenticité de la vidéo, traitant de traître celui ayant vendu le contenu de son téléphone portable à des journalistes occidentaux.

Abaaoud se vante d'avoir voyagé à quelques reprises entre la Syrie et l'Europe. Il dit avoir été intercepté par un policier qui ne l'a toutefois pas reconnu même si sa photo faisait la Une des journaux. «Allah les a aveuglés. Un musulman ne devrait pas craindre les services de renseignement. Mon nom et mon visage étaient partout aux nouvelles et j'étais en mesure de rester dans leur pays, de planifier des opérations contre eux et de quitter sécuritairement quand c'est devenu nécessaire.

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Salah Abdeslam