C'est sous le signe de l'unité que quelques centaines de personnes se sont réunies à Montréal, dimanche, pour témoigner leur solidarité aux Parisiens, qui ont vécu une série d'attentats, vendredi soir, qui a fait au moins 129 victimes.

Les drapeaux français flottaient au vent avec les drapeaux québécois et même les drapeaux kurdes dans la foule, alors qu'elle se déplaçait vers le consulat général de France à Montréal.

«Aujourd'hui, après le choc, il y a la volonté de revivre. Parce qu'avec ces attentats, ceux de vendredi, ce n'est pas simplement comme avec Charlie Hebdo la liberté d'expression qui est atteinte, c'est la vie tout court», a déclaré Catherine Feuillet, Consule générale de la France à Montréal.

Plusieurs marcheurs ont tenu à dire qu'ils «n'avaient pas peur», bien que plusieurs semblassent ébranlés par les événements et profondément émus.

Véronique Millet était à Paris lorsqu'une bombe avait explosé dans un train régional de la capitale française, en 1995, et elle y était aussi en janvier dernier lorsqu'il y a eu les attentats dans l'immeuble de l'hebdomadaire Charlie Hebdo. Elle croit toutefois que les attentats de vendredi dernier auront des répercussions différentes.

«J'ai l'impression que le monde entier se sent peut-être plus concerné. J'ai l'impression que c'était plus «franco-français» avant. Je pense aux Libanais, je pense aux Syriens [...] Il y en a qui vivent ça souvent», a-t-elle soutenu.

Son conjoint québécois, Vincent Arseneau, se réjouissait d'ailleurs de la présence de la communauté libanaise, qui est aussi en deuil après des attaques à Beyrouth qui ont fait plus de 40 victimes. «Il faut exprimer notre solidarité avec tous les peuples [...] Il faut être ensemble face à cette violence. Il faut que ça s'arrête», a-t-il affirmé.

Gullyn, d'origine kurde, a tenu à être présente parce que, dit-elle, son peuple a vécu des drames comme en France. «Deux semaines avant, on a perdu 128 personnes, plus les blessés, maintenant ça arrive en France. On veut que ça arrête cette guerre-là», a-t-elle témoigné.

De nombreux politiciens de tous les niveaux de gouvernement ont tenu à participer à ce rassemblement, dont la ministre canadienne du Patrimoine, Mélanie Joly, la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, et le maire de Montréal, Denis Coderre.

Plusieurs politiciens ont lancé le message de ne pas se «laisser intimider» par les attentats et de poursuivre la lutte contre les extrémismes.

«Nous ne cèderons pas à l'intimidation. Nous allons protéger nos valeurs de démocratie et de liberté. Nous allons faire front commun contre la haine et l'intolérance. Nous allons promouvoir le vivre-ensemble», a lancé le maire Denis Coderre, qui a été applaudi chaudement lors de son discours devant le Consulat général.

Sans confirmer que le gouvernement Trudeau adopterait la même position sur le retrait des avions-chasseurs canadiens à la coalition internationale contre l'État islamique ou sur l'accueil de 25 000 réfugiés d'ici la fin de l'année, la ministre Joly a souligné l'importance de «rester unis» et de ne pas «faire d'amalgames».

«C'est important qu'on puisse maintenir une saine cohésion sociale, qu'on puisse s'assurer de maintenir, de valoriser notre diversité pour ne pas retomber dans la peur, ne pas retomber dans la division. Nous avons déjà joué dans ce morceau-là et nous ne le ferons pas encore une fois», a-t-elle expliqué.

Mme St-Pierre estime elle aussi qu'il ne faut pas reculer pour accueillir massivement les réfugiés. «Les terroristes gagneraient si on disait: «On arrête tout ça». Non, il faut continuer. Il faut faire en sorte que le Canada continue d'être un pays d'accueil», a-t-elle plaidé.

La ministre québécoise encourage toutefois le gouvernement Trudeau à poursuivre son intervention militaire en même temps. «Ces gens-là se sont attaqués à nos valeurs, s'attaquent à nos valeurs, ces gens-là ne partagent pas nos valeurs. Il faut que les pays se mettent ensemble, que la coalition poursuive son travail; c'est essentiel», a-t-elle expliqué.