En ce samedi matin, Paris est toujours sous le choc, et exprime un immense chagrin. Près du Bataclan, cette salle de spectacle où a eu lieu le pire carnage de la série d'attentats de la veille, sur les trottoirs, on voit encore beaucoup de traces de sang. Des souliers, des vêtements abandonnés sur la chaussée. Le périmètre est bouclé, mais moins que vendredi. Les fourgons blancs de la morgue sortent au compte-goutte, se frayant un chemin entre les médias et les badauds.

Les Parisiens de tous les âges et de tous les quartiers viennent voir. Constater. Les visages sont défaits. Ils sont nombreux ceux qui lancent un regard douloureux sur le Bataclan, avant de tourner les talons, en larmes ou en colère. Une dame de 74 ans est venue porter des fleurs à la mémoire des victimes. « C'est intolérable. On s'est attaqué aux jeunes. Ce sont des enfants. Je suis venue apporter mon soutien. Et dire qu'on n'a pas peur ». Elle ajoute, avec fierté: « Je m'appelle France, parce que je suis née à la Deuxième Guerre mondiale. »

Attention: ces images peuvent être troublantes pour certains lecteurs.

C'est ce qu'on réalise samedi matin. Les terroristes ont ciblé précisément la jeunesse parisienne dans ses endroits préférés, un vendredi soir, quand tout le monde sort et s'amuse. « Il faudra soutenir toutes ces personnes, dit Marie-Josée Dumas. C'est triste d'avoir perdu tous ces jeunes. On pense toujours au pire et le pire est arrivé. Ils ont touché la capitale. »

« Il ne faut pas montrer qu'on a peur » dit un homme, tandis qu'un autre lui répond: « Ils veulent le pouvoir ». C'est l'état d'esprit de la plupart des Parisiens: ne pas céder à la peur, sinon, ils auront gagné. C'est pourquoi aussi les cafés et les commerces ont ouvert dans le 11e arrondissement, malgré la fermeture des écoles et des transports en commun. Un jeune couple, Jean-Pascal et Marine, s'enlace devant le site du Bataclan. Ils habitent tout près. « On aurait pu être là, dit-elle. Mais c'est partout dans Paris. C'était des jeunes qui n'avaient rien demandé, qui voulaient s'amuser. » « C'est complètement aveugle, dit-il. C'est colossal. Nous sommes venus sur place pour voir, se rendre compte que c'est bien arrivé. Et se recueillir. »