Le vert était à l'honneur hier après-midi sur la place Dag Hammarksjold, face au siège des Nations unies, où des centaines de manifestants arboraient la couleur du candidat malheureux à la présidentielle en Iran, Mir Hossein Moussavi.

Brandissant des photos de Neda, la jeune femme tuée par balle durant la contestation qui a suivi le scrutin du 12 juin, ou des pancartes aux inscriptions telles que «Libérez l'Iran» et «Non à la torture au nom de l'islam», ils ont exprimé leur opposition au président Mahmoud Ahmadinejad, qui a prononcé en soirée un discours combatif à l'Assemblée générale de l'ONU. «Ahmadinejad est un menteur», a déclaré une manifestante, Sanya Avazpour, arrivée la veille d'Orlando, en Floride, pour «dire non» au président iranien. «Il vient ici pour dire aux peuples du monde que rien n'est arrivé en Iran. C'est un mensonge. Il a volé l'élection du 12 juin.»

Commencée à 11h30, la manifestation aura attiré des milliers de personnes, iraniennes d'origine pour la plupart. Comme Sanya Avazpour, Katayoun Sheibani était venue de loin - de Montréal, en fait - pour y participer et donner un coup de main aux organisateurs.

«Ahmadinejad n'est pas notre président, a-t-elle déclaré. Et j'ai été très contente d'apprendre que le gouvernement du Canada allait boycotter son discours, ce qui signifie qu'il ne reconnaît pas sa légitimité.»

Dans son allocution à l'ONU, Mahmoud Ahmadinejad s'est de nouveau attaqué à l'État d'Israël, qu'il accuse de mener une «politique inhumaine» dans les territoires occupés. Il a également accusé les forces armées étrangères en Irak et en Afghanistan de semer «la guerre, les tueries, l'agression, la terreur et l'intimidation» au Proche-Orient.

Le président iranien n'a cependant pas mentionné le programme nucléaire de son pays, que beaucoup soupçonnent d'avoir un objectif militaire. Et il s'est félicité du résultat contesté de la présidentielle en Iran, un scrutin qu'il a qualifié de «glorieux et pleinement démocratique».

Le discours du président iranien ne devrait pas lui gagner la sympathie des partisans de Mir Hossein Moussavi, dont Hamed Radfar, jeune étudiant d'origine iranienne qui a lui-même voté lors du scrutin du 12 juin.

«Ses mensonges sont tellement énormes», a-t-il déclaré au cours de la manifestation. «Les gens ont dit que nous exagérions, mais tout ce que nous avons dit est arrivé. Non seulement il a triché, mais il nous a craché au visage.»

Le boycottage du Canada

Les délégués du Canada à l'Assemblée générale de l'ONU, dont le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, n'ont pas assisté au discours du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad.

Le premier ministre Stephen Harper a justifié cette décision en invoquant les déclarations d'Ahmadinejad sur l'État d'Israël, le peuple juif et l'Holocauste, déclarations qu'il a qualifiées de «répugnantes». Il a également rappelé d'autres contentieux entre Ottawa et Téhéran, dont la détention du journaliste canadien Maziar Bahari.

Plusieurs autres délégués n'ont pas assisté au discours d'Ahmadinejad, ou ont quitté l'enceinte de l'ONU pendant que le président iranien déblatérait contre Israël et ses «ambitions racistes», dont ceux des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France.