Le président américain Barack Obama a appelé mercredi ses pairs à l'ONU à agir dans un cadre multilatéral face aux défis du monde, avertissant Téhéran et Pyongyang de conséquences si ces pays font passer leurs activités nucléaires avant la stabilité régionale.

«Parce qu'est venu le moment pour le monde de prendre une nouvelle direction, nous devons ouvrir une nouvelle ère de coopération multilatérale, basée sur un intérêt et un respect mutuels», a-t-il dit devant plus de 120 chefs d'État et de gouvernement. «Nos actions ne sont pas au niveau de l'ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés» et «il est désormais temps pour chacun d'entre nous de prendre sa part de responsabilité dans la réponse globale aux défis mondiaux», a-t-il estimé.

Lors de sa première allocution dans cette enceinte, le président américain, souvent applaudi chaleureusement, a retracé toutes ses actions pour tourner définitivement la page de l'ère Bush.

Il a mis en garde l'Iran et la Corée du Nord. «Dans leurs actions jusqu'à présent, les gouvernements de Corée du Nord et d'Iran menacent de nous entraîner sur une pente dangereuse», a-t-il relevé.

«Les nations qui refusent d'assumer leurs obligations devront en assumer les conséquences» et «si les gouvernements d'Iran et de Corée du Nord choisissent d'ignorer les règles internationales, si ces pays mettent la recherche d'armes nucléaires avant la stabilité régionale et la sécurité, s'ils ignorent les dangers d'une course aux armements nucléaires en Asie de l'est et au Moyen-Orient, alors ils devront rendre des comptes».

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce que dément Téhéran. Une réunion est prévue le 1er octobre à Genève entre l'Iran et les six pays chargés de ce dossier, les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne.

La Corée du Nord, de son côté, a récemment affirmé qu'elle allait fabriquer de nouvelles armes nucléaires, faisant fi des appels des États-Unis et de l'ONU à suspendre son programme.

Au lendemain d'un sommet avec les Palestiniens et les Israéliens, Barack Obama a aussi souligné que les États-Unis «ne reconnaissent pas la légitimité de la poursuite de la colonisation israélienne». Ce dossier est la principale pierre d'achoppement empêchant la reprise de négociations de paix israélo-palestiniennes suspendues depuis fin 2008.

Plus tôt, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait appelé ses membres à répondre unis aux défis du climat, du nucléaire et de la pauvreté, tandis que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva demandait que le président déchu du Honduras Manuel Zelaya soit rétabli dans ses fonctions.

Pour sa première apparition en 40 ans de pouvoir, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi s'est livré à une diatribe contre le fonctionnement du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le bouillant colonel, qui a fait attendre l'auditoire pendant plus de cinq minutes avant de monter à la tribune et qui a semblé parfois perdu dans ses papiers, s'en est pris à la domination exercée sur le Conseil par ses cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie).

«Le veto est contraire à la Charte de l'ONU, l'existence de membres permanents est contraire à la Charte», a-t-il lancé, brandissant le petit livre bleu contenant le texte fondateur des Nations unies.

Devant le siège de l'ONU, transformé par la police en camp retranché, des centaines de manifestants s'étaient rassemblés, certains pour soutenir le président libyen, d'autres pour protester contre sa venue ainsi que celle de l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Ce dernier et le président français Nicolas Sarkozy devaient s'exprimer plus tard dans la journée.