Les pancartes de Bijan Jalali sont prêtes. «Relâchez tous les prisonniers politiques», dit l'une d'elles. «Démocratie pour l'Iran», clame une autre.

Cet après-midi, ce Québécois d'origine iranienne montera à bord d'un autocar, avec ses pancartes et une quarantaine de compatriotes. Direction: New York.

 

Le président Mahmoud Ahmadinejad doit y prendre la parole demain, à l'occasion de l'Assemblée générale des l'Organisation des Nations unies.

«Je veux dire à tous les dirigeants de la planète que Mahmoud Ahmadinejad n'est pas le président de l'Iran», explique Bijan Jalali. Cet informaticien, qui a quitté son pays natal il y a 16 ans, veut clamer haut et fort que l'homme qui parlera au nom de l'Iran ne représente pas vraiment son peuple. «Ce type a volé les élections, puis il a arrêté des milliers de personnes.» M. Jalali fait allusion à la présidentielle du 12 juin dernier qui a donné la victoire à Mahmoud Ahmadinejad. Du moins selon les résultats officiels qui lui accordent 63% des votes, contre 33% pour son principal opposant, Mir Hossein Moussavi.

Estimant que ces résultats sont frauduleux, les partisans de Mir Hossein Moussavi ont protesté pendant plusieurs semaines, l'été dernier, dans les rues de Téhéran. Le régime iranien a écrasé ce mouvement de révolte et des milliers de personnes ont échoué derrière les barreaux.

Amnistie internationale et Human Rights Watch dénoncent les arrestations arbitraires et le recours à la torture qui a mené à de nombreux aveux publics. Des centaines de détenus ont été relâchés depuis, mais la répression se poursuit.

La semaine dernière, le régime a procédé à de nouvelles arrestations, s'en prenant cette fois aux enfants de leaders politiques ou religieux associés à l'opposition. Les protestations ne sont pas éteintes pour autant. Vendredi, des milliers d'Iraniens sont descendus dans la rue pour protester contre le régime de Mahmoud Ahmadinejad.

Ce dernier continue à défier le monde. Ce week-end, il a accusé une fois de plus l'Occident d'avoir inventé le «mythe» de l'Holocauste.

Son passage à New York sème donc la controverse. Un hôtel a déjà annulé un banquet auquel il devait assister. Et selon le New York Times, tout est calculé pour éviter que le président Barack Obama ne le croise dans les couloirs de l'ONU.

Les protestataires qui convergent vers New York savent que l'ONU n'empêchera pas Mahmoud Ahmadinejad de prendre la parole.

«Au moins, nous voulons que le monde sache qu'il y a toujours des protestations en Iran», dit la Montréalaise Katayoun Sheibani, qui part elle aussi pour la métropole américaine.

En se joignant aux manifestations, elle souhaite ébrécher la légitimité du chef d'État iranien. «Plus le monde saura ce qui se passe vraiment en Iran, moins Mahmoud Ahmadinejad sera accepté.»

 

Photo Robert Skinner, La Presse

Katayoun Sheibani souhaite ébrécher la légitimité du chef d'État iranien.