Les 33 mineurs miraculés du Chili ont savouré leur premier mois de liberté après leur sauvetage spectaculaire, dans la discrétion pour les uns, entourés d'honneurs pour les autres, mais pour la plupart l'incertitude demeure concernant leur avenir professionnel.

L'un des miraculés, Edison Pena, a couru le marathon de New York, d'autres comme Ariel Ticona ont voyagé en Espagne pour participer à une émission de télévision et assister à un match de football du Real Madrid.

Mario Sepulveda, le plus extraverti des «33», comme ils sont surnommés depuis leur calvaire souterrain, s'est même fait filmer en train de courir nu sur une plage pour la chaîne américaine ABC.

Tous les mineurs ont été reçus par le chef de l'État Sebastian Pinera au palais présidentiel à Santiago. L'État d'Israël les a invités à passer Noël en Terre sainte.

Mais dans l'ensemble, ils continuent de fuir les médias qui les sollicitent depuis le 13 octobre, le jour où ils ont retrouvé la lumière après avoir passé 69 jours à plus de 600 mètres sous terre dans les entrailles de la mine de San José, à 800 kilomètres au nord de Santiago.

La plupart a préféré tenter de renouer avec une vie normale et discrète.

Après l'opération de secours de 22 heures qui a fasciné le monde, aucune «révélation» n'a filtré sur leurs relations sous terre, notamment pendant les 17 premiers jours, les plus durs, quand les secours ne savaient pas encore qu'ils étaient en vie.

Pour la plupart, les 33 sont en bonne santé. «Ils continuent les contrôles médicaux. (Mais) la majorité n'ont pas besoin de (psycho) thérapie, ils vont bien», a assuré Alberto Iturra, le chef de l'équipe de psychologues qui les a suivi. «Certains vont même mieux qu'avant».

La réadaptation n'est pas pour autant terminée. «Tout le monde reste sur la sensation du sauvetage», mais «leur souffrance a été si grande. Les gens ne réalisent pas l'effort, le tribut» payé par les mineurs, a-t-il ajouté.

L'expérience a pesé sur certaines familles, créant des frictions. Maria Segovia, la soeur du mineur Dario et une des porte-parole les plus médiatiques des familles, a raconté à l'AFP que son frère s'était éloigné d'elle, et s'était isolé avec son épouse.

La grande inconnue, c'est leur avenir professionnel. Les mineurs sont en congé maladie et sont rémunérés comme avant (1500 dollars), mais ils ne savent pas jusqu'à quand cette situation va durer.

La mine de cuivre et d'or de San José est à l'arrêt, et le propriétaire chilien est au bord de la faillite.

«Je ne sais pas ce qui va se passer pour moi après. Qui va se rappeler de nous? Personne... Aussi je dois en profiter maintenant», explique à l'AFP  Edison Pena, de retour de New York. «Pour l'instant on reçoit la pension d'arrêt-maladie, mais après?».

L'un d'eux au moins a son avenir scellé. Le Bolivien Carlos Mamani, seul étranger parmi les 33, a accepté une offre de son président Evo Morales pour rentrer dans son pays et occuper un poste d'encadrement en surface chez YPFB, le groupe public d'hydrocarbures.

Pour Iturra, «il est souhaitable d'un point de vue psychologique que l'inactivité ne se prolonge pas trop. Sinon, cela donne l'impression de ne pas être à la hauteur. Il est bon de se lever et d'avoir quelque chose à faire».

L'épopée des 33 commence à s'éloigner dans l'esprit des Chiliens. «Elle a atteint un niveau extrême, les gens en ont eu un peu marre. Ils sont passés à autre chose», estime le sociologue Eugenio Tironi.