Il va courir pour «motiver les gens»: un des mineurs chiliens sauvés après avoir passé deux mois au fond d'une mine est devenu avec trois jours d'avance la vraie vedette du marathon de New York de dimanche prochain.

«C'est un défi», a déclaré jeudi Edison Pena au cours d'une conférence de presse à Central Park où se pressaient des dizaines de photographes et journalistes du monde entier.

Le mineur va courir les 42 kilomètres et 195 mètres de la célèbre course en dépit d'une lésion au genou, pour «sentir l'émotion» et «motiver les gens».

«J'aurais pu venir voir, mais j'ai décidé de participer, de sentir l'émotion, de montrer qu'on peut le faire», a ajouté le Chilien de 34 ans.

Il a estimé pouvoir parcourir les 42 kilomètres «environ en six heures» -le record est de deux heures, 3 minutes et 59 secondes- malgré sa blessure au genou, héritée de la mine.

«Je pense pouvoir terminer, mais j'espère que la presse ne me démolira pas si la douleur est trop forte», a-t-il dit.

Pour lutter contre le sentiment de claustrophobie et la captivité forcée, Edison Pena courait dans les galeries sombres. «Je courais dans l'obscurité pour tenter de m'arracher à ce que j'étais en train de vivre», a-t-il dit en espagnol aux journalistes, traduit en anglais par une interprète.

Le mineur a également raconté avoir d'abord couru avec ses hautes bottes qui lui arrivaient presque jusqu'aux genoux. Il les a ensuite coupées pour pouvoir bouger plus facilement.

Edison Pena est l'un des 33 mineurs bloqués à plus de 600 mètres sous terre dans la mine d'or et de cuivre de San José, au nord du Chili, du 5 août au 13 octobre dernier, un événement qui a accaparé l'actualité mondiale.

Les mineurs avaient été découverts miraculeusement en vie au bout de 17 jours de recherches. Jusque-là, ils avaient survécu avec de l'eau et quelques boîtes de conserves.

Puis ils ont été ramenés sains et saufs à l'air libre le 13 octobre, au terme d'une opération spectaculaire impliquant le percement de puits de secours et l'extraction des hommes un à un à bord d'une étroite nacelle.

Edison Pena rejette le qualificatif de «héros». «Je ne le vois pas comme ça, a-t-il dit. C'est juste que c'est tombé sur nous. Nous avions peu de chances de survivre, et pourtant voilà, nous sommes là».

Les organisateurs du marathon avaient décidé d'inviter Edison Pena après avoir appris qu'il courait pour se maintenir en forme dans la galerie où il était prisonnier avec ses compagnons.

Les organisateurs pensaient qu'il regarderait la course et pourrait avoir un rôle protocolaire comme, par exemple, tenir la ligne d'arrivée. Mais ils ont été étonnés d'apprendre de la part des autorités consulaires chiliennes qu'il voulait disputer la course.

Son objectif est maintenant de pousser les gens à se surpasser. «Je ne me suis pas dit: non, je n'y arriverai pas. J'ai cherché le moyen de le faire, et je l'ai fait. Sans lumière, et par une température de 30° toute la journée.»

La première chose qu'il a demandé en remontant à la surface était un lecteur numérique avec des morceaux d'Elvis Presley, son héros. «Elvis, je l'aime!», s'est-il exclamé à New York avant d'entonner quelques notes d'une chanson du roi de Memphis.

Edison Pena a également été invité à Graceland, la demeure du chanteur mort en 1977.