«Nous étions en train de travailler et, tout à coup, une montagne s'est écroulée à 3 m de nous, recouvrant quelques pièces d'équipement. Nous avons été capables de courir vers l'arrière. C'était terrifiant.»

C'est ainsi que Richard Villarroel a raconté à la chaîne CNN l'éboulement du 5 août qui a emprisonné sous terre 33 mineurs pendant plus de deux mois. «J'ai pensé que je ne pourrais plus voir ma femme ni la naissance de mon fils», a commenté le mineur de 27 ans, bientôt père.

Richard Villarroel est l'un des premiers mineurs à s'être adressés aux médias, hier, au lendemain du sauvetage historique qui a attiré l'attention du monde entier. De son lit d'hôpital, il a expliqué comment les 33 hommes piégés pendant plus de deux mois ont vécu leur calvaire.

«Après trois, quatre ou cinq jours, nous avons pensé que nous allions peut-être manquer de nourriture, a raconté le jeune mineur, qui portait des verres fumés pour protéger ses yeux de la lumière. Des mineurs ont continué à travailler sans manger; d'autres sont restés étendus au sol et ne voulaient plus travailler. Ils ont perdu beaucoup de poids.»

Pendant les 17 premiers jours, alors que les sondes souterraines les cherchaient en vain, «la nourriture était distribuée en petites portions, une chose dont nous nous souviendrons. Pareil pour l'eau», a-t-il dit lors d'une brève interview téléphonique avec la télévision publique chilienne TVN.

Les décisions au fond de la mine étaient prises à la majorité, a-t-il précisé. «Nous nous sommes tous soutenus. Quand l'un allait mal, le camarade d'à côté lui donnait un coup de main.»

Congé de l'hôpital

Richard Villarroel et ses 32 camarades sont hospitalisés depuis mercredi à Copiapo, à 50 km de la mine, pour subir une série d'examens médicaux. Hier, la direction de l'hôpital a annoncé que tous les mineurs devraient obtenir leur congé d'ici à dimanche. Trois d'entre eux devaient sortir hier.

Devant les différents accès de l'hôpital, plusieurs centaines de journalistes attendaient les premiers mineurs, élevés au rang de héros par les Chiliens.

Claudio Yanez, 34 ans, devait être l'un des premiers à sortir de l'hôpital, a confié sa compagne Cristina Nunez à l'AFP. «Il se porte très bien, il est super.»

Trois mineurs ont été opérés mercredi sous anesthésie générale pour des infections dentaires. Un autre, Mario Gomez, le doyen des «33», âgé de 63 ans, souffre d'une pneumonie aiguë, mais il réagirait bien aux antibiotiques.

Les plupart des mineurs ont demandé à passer quelques jours d'intimité avec leurs proches avant de se rendre disponibles pour les médias. Le chef de l'État chilien, Sebastian Piñera, s'est tout de même permis de leur rendre visite à l'hôpital hier pour les inviter au palais présidentiel le 25 octobre. Il leur a également proposé un match de football contre l'équipe de la présidence.

M. Piñera a annoncé que 1 milliard de téléspectateurs avaient suivi le sauvetage, qui aurait coûté entre 10 et 20 millions de dollars américains.

Avec l'AFP, CNN et la BBC