Que mangent les mineurs? Quel est leur état de santé? Comment se sont-ils retrouvés coincés sous terre? La Presse brosse, en 8 questions-réponses, un état de la situation des 33 mineurs chiliens.

1. Question: Comment les mineurs se sont-ils retrouvés prisonniers dans la mine?

Réponse: Le 5 août, un puits de la mine de cuivre et d'or de San José, à 800 km au nord de Santiago, s'est effondré en début d'après-midi à 400 m de profondeur. Les 33 mineurs (dont un Bolivien) ont pu se réfugier dans un abri à 700 m de profondeur. D'une superficie de 45 m2, l'abri était équipé pour environ 72 heures de survie. Les mineurs y étaient depuis 18 jours quand on les a localisés.

2. Q. Qu'ont-ils mangé pendant ces 18 jours?

R. Deux cuillerées de thon toutes les 48 heures, un biscuit par jour, un demi-verre de lait et de l'eau de ruissellement. C'est tout. Après qu'un contact eut été établi, ils ont reçu de l'eau et des boissons fortifiées au chocolat ou à la framboise, pour réhabituer progressivement leur système digestif à une alimentation normale. L'une des premières choses qu'ils ont demandées était... des brosses à dents.

3. Q. Quel est leur état de santé?

R. Cinq d'entre eux montraient des signes de dépression, mais leur état se serait amélioré. Un autre souffrait de maux d'estomac. Les mineurs se serviront d'une minicaméra pour filmer notamment leurs lésions et blessures. La chaleur est intense - plus de 30° -, et il leur faudra boire beaucoup d'eau pour éviter la déshydratation. L'air est moins vicié que dans une mine de charbon, mais il n'y a pas de moyen de se débarrasser des excréments, ce qui augmente les risques de dysenterie.

4. Q. Comment les secours leur font-ils parvenir des médicaments et des vivres?

R. Le système a été surnommé la paloma (le pigeon voyageur). Trois conduits d'une douzaine de centimètres de diamètre chacun laissent passer un cylindre long de 1,60 m attaché à un câble relié à une poulie. Le chargement des marchandises, la descente du tube et sa remontée se font en 30 minutes environ.

5. Q. Comment les secouristes comptent-ils les sortir de là?

R. Lundi, un puissant excavateur a commencé à s'attaquer au sol rocheux. La Strata 950, foreuse de 30 tonnes de conception australienne, perce un puits vertical de 702 m de profondeur et 33 cm de diamètre, qu'elle élargira à 66 cm dans un deuxième temps. C'est par ce conduit que seront extraits les mineurs un à un dans une nacelle rigide. Au moins six sauveteurs descendront au fond pour préparer les mineurs à leur sortie. Ils devront avoir les yeux bandés pour éviter que la lumière ne les aveugle après des mois d'obscurité. Ils porteront en outre un vêtement spécial pour éviter un choc thermique, après avoir vécu à plus de 32° dans une humidité extrême. Chaque sauvetage prendra environ deux heures et l'opération, baptisée San Lorenzo en référence au saint patron des mineurs, devrait être réalisée en trois ou quatre jours.

6. Q. Combien de temps prendra la foreuse pour rejoindre les mineurs?

R. Cela prendra plusieurs mois à cause de la topographie, du sous-sol instable et de sa capacité de forage, qui est de 15 m par jour. Le président du Chili, Sebastian Piñera, a indiqué hier que les secours feront «tout ce qui est humainement possible» pour qu'ils puissent fêter Noël et le Nouvel An à la surface. Par ailleurs, les autorités ont évoqué hier la possibilité que l'un des trois conduits percés pour faire passer de la marchandise aux mineurs soit élargi pour permettre d'y faire passer les hommes.

7. Q. Une telle opération a-t-elle déjà été tentée?

R. En 2002, des sauveteurs américains ont mis 2 jours à percer un passage long de 74 m pour faire remonter 9 hommes coincés dans une mine de Pennsylvanie. Les 33 mineurs chiliens sont emprisonnés, eux, à 700 m de profondeur. «Ce n'est pas une mission impossible, mais c'est une mission difficile», a dit au magazine Times John Urosek, chef des opérations d'urgence au département américain de Santé et de Sécurité des mines.

8. Q. Un pareil accident pourrait-il survenir dans une mine québécoise?

R. Même si aucune mine n'est à l'abri d'un accident, les mesures de sécurité sont beaucoup plus sévères au Québec, explique Éric Arseneault, rédacteur en chef du feuillet Belmine, publié par la CSST. Les refuges sont notamment des espaces fixes (et non «portatifs», comme des conteneurs qu'on déplace dans les galeries) munis d'appareils de ventilation reliés à l'extérieur. La mine LaRonde, en Abitibi, la plus profonde au Québec, est à plus de 3 km sous terre.

Avec AFP et Time