Dix ans après le 11-Septembre, nos envoyés spéciaux ont fait le pari fou de visiter sept mosquées, tout autour de la planète. Ils étaient à Kaboul hier alors que la ville était le théâtre d'une attaque spectaculaire des talibans. Voici un extrait de leur blogue que vous pouvez lire sur Cyberpresse.ca/11-septembre

Nous avons entendu les explosions de notre chambre d'hôtel. Nous venions à peine de commencer le montage d'un reportage vidéo sur Kaboul, qui sera bientôt diffusé sur Cyberpresse dans le cadre du 10e anniversaire des attentats du 11-Septembre.

Nous avons pensé à un accident dans l'édifice en construction près de l'hôtel. Nous avons continué le montage sans plus y réfléchir. Nous n'avons jamais pensé aux talibans. Les attaques de ce genre, au coeur de la capitale, sont extrêmement rares.

Quelques heures plus tôt, nous avions filmé les rues du centre-ville. L'ambiance était détendue, plusieurs passants nous ont salués en souriant. Au marché, dans les échoppes, dans les petits commerces, la métropole de 4,5 millions d'habitants bourdonnait d'activité.

À 14h30, nous avons appelé un taxi pour nous rendre à l'aéroport. Le répartiteur nous a répondu que c'était impossible. Les voitures n'étaient pas autorisées à circuler. Des bombes explosaient un peu partout. L'ambassade des États-Unis était ciblée.

Le responsable de la sécurité de notre hôtel a pourtant fini par nous trouver une voiture. L'ambassade était sur le chemin de l'aéroport, mais le chauffeur nous a dit qu'il ferait un détour; que la route, en périphérie de la ville, était sûre.

Nous n'étions pas rassurés, d'autant moins qu'on venait de nous dire qu'il y avait des attaques coordonnées aux quatre coins de la capitale. Un kamikaze s'était fait exploser sur la route de l'aéroport. «C'est vraiment un très, très mauvais moment pour sortir», nous a prévenus un Américain en sueur qui se pressait de rentrer à l'hôtel.

En réalité, des voitures roulaient dans les rues, mais plusieurs artères étaient fermées à la circulation. De nombreux bouchons s'étaient formés en raison des postes de contrôle érigés par l'armée afghane. La tension était énorme. Des militaires patrouillaient à chaque carrefour.

Évidemment, nous avons pensé rester pour couvrir l'événement. Mais la ville était bouclée. Impossible de s'approcher de l'ambassade des États-Unis. Nous n'aurions pas obtenu davantage d'information que les agences de presse. Et nous aurions manqué notre vol pour Jakarta, prochaine étape de notre voyage autour du monde.

Partir ou rester? Nous étions déchirés. Nous avons appelé (et probablement réveillé) notre patronne à Montréal. «Partez», nous a-t-elle dit. Adieu, Kaboul. Et bonne chance. Tu en auras besoin.