Les événements du 11 septembre 2001 ont eu des conséquences lourdes pour la santé, selon un dossier publié par The Lancet: cancers chez les pompiers, problèmes respiratoires ou dépressions chez les secouristes, alors que dans des pays, comme l'Irak ou l'Afghanistan, la guerre a détruit les infrastructures de santé.

À l'occasion du dixième anniversaire des attentats, la revue scientifique britannique publie tout un dossier sur le sujet : plusieurs études, trois éditoriaux, et des études annexes (www.thelancet.com/themed-911).

La première étude, conduite par le Dr David Prezant, responsable médical du département des pompiers de New York, concerne 9853 pompiers qui ont travaillé lors des attentats du World Trade Center, certains en première ligne, d'autres pas.

Parmi les pompiers exposés, il y a eu 263 cas de cancer, contre 238 attendus dans une population générale similaire. Chez les pompiers non exposés, 135 cas ont été notés, pour un nombre de 161 attendus dans la population générale. Un plus faible taux de cancer par rapport à la population qui s'explique par leur bon état de santé et leur moindre tabagisme.

La différence de risque, entre pompiers directement exposés et les autres, est de 19%.

Selon les auteurs de l'étude, l'association entre l'exposition et le cancer est «biologiquement plausible, car certains contaminants dans la poussière du World Trade Center sont des carcinogènes connus». Par ailleurs, l'exposition peut entraîner des désordres inflammatoires favorisant le cancer.

D'autres chercheurs, menés par le Dr Juan Wisnivesky, de l'École de médecine Mount Sinaï de New York, se sont intéressés à quelque 27 000 personnes, sur les 50 000 qui ont prêté secours et aide tels que policiers, pompiers, ouvriers du bâtiment, employés municipaux. Ils ont constaté qu'ils continuaient à souffrir de problèmes importants de santé physique et mentale.

Avenir trouble

28% souffraient d'asthme, 42% de sinusite, 39% de reflux gastro-oesophagien. Près de la moitié d'entre eux avaient des capacités respiratoires amoindries. 28% souffraient de dépression, 32% de stress post-traumatiques, 21% de désordre panique...

Les chiffres étaient beaucoup plus bas chez les policiers, plus habitués à des situations de fort stress.

Imaginant les données qui seront publiées lors du 20e anniversaire, le Dr Matthew Mauer, du département de la santé de l'État de New York, a estimé que «l'avenir est trouble, comme les panaches de fumée âcre qui se sont élevés à New York il y a dix ans».

Une des études complémentaires fait le point sur les conséquences dommageables pour la santé des réactions du gouvernement américain aux attaques, à savoir les guerres en Irak et en Afghanistan.

Elle recense 1568 soldats américains tués en Afghanistan, 4408 en Irak, des décès auxquels s'ajoutent ceux des troupes des Nations unies. Il y a eu, selon elle, 8832 civils afghans tués entre 2007 et 2010, des dizaines de milliers de morts en Irak. Et aussi des dizaines de milliers de soldats blessés dans ces deux pays, sans compter les problèmes psychiques au retour chez soi.

L'accès aux besoins vitaux a été rendu plus difficile: en Afghanistan, 80% de la population rurale boit de l'eau contaminée, en Irak, 25% des habitants n'ont pas accès à l'eau propre. Des enfants souffrent de malnutrition. Les infrastructures de santé ont été détruites ou endommagées, des travailleurs de santé ont été tués ou se sont enfuis.