Un homme ayant des liens avec Al-Qaïda a orchestré l'attentat-suicide contre le siège des Nations unies à Abuja le 26 août, qui a fait au moins 23 morts, a annoncé mercredi la police secrète nigériane.

«L'enquête a révélé qu'un homme, Mamman Nur, un élément connu de Boko Haram ayant des liens avec Al-Qaïda, qui est récemment revenu de Somalie, a travaillé de concert avec les deux suspects et est le cerveau de l'attaque contre le bâtiment des Nations unies», selon un communiqué.

La police secrète indique détenir deux suspects présentés comme de hauts responsables de la secte islamiste Boko Haram qui a revendiqué l'attentat ayant éventré vendredi matin le QG onusien dans la capitale nigériane.

Ils ont été arrêtés le 21 août, c'est-à-dire cinq jours avant l'attentat, après que la police eut été informée, le 18 août, que «des éléments de Boko Haram étaient en mission pour attaquer des cibles non spécifiées à Abuja», selon le communiqué.

La police secrète a lancé un avis de recherche contre Mamman Nur. Les deux suspects appréhendés ont été identifiés comme Babagana Ismail Kwaljima, également appelé Abu Summaya et Babagana Mali, aussi connu sous le nom de Bulama.

«Suite à leur arrestation, la sécurité avait à nouveau été relevée à Abuja et dans ses environs. Les suspects ont fait des déclarations de valeur et sont détenus dans un bâtiment de l'armée», a-t-elle indiqué.

Le kamikaze qui a perpétré l'attentat, en voiture, a franchi deux portails gardés avant d'activer ses explosifs en percutant la façade du siège de l'ONU où travaillaient environ 400 personnes pour de nombreuses agences onusiennes.

La police secrète nigériane précise que le véhicule utilisé par le kamikaze était immatriculé à Kano, un État du nord.

Boko Haram, qui a son fief dans le nord-est, a revendiqué de nombreuses attaques au Nigeria, dont un attentat à la voiture piégée contre le QG de la police à Abuja en juin, qui a fait au moins deux morts.

Une multiplication d'indices a amené les analystes à craindre des liens avec des groupes terroristes extérieurs comme la branche maghrébine d'Al-Qaïda (AQMI), active au Niger voisin.

Les attaques de la secte sont devenues de plus en plus sophistiquées ces derniers mois, avec notamment des bombes activées à distance.

Après une insurrection en juillet 2009, violemment réprimée par les forces de l'ordre (environ 800 morts en quelques jours), Boko Haram avait fait profil bas avant de réapparaître en 2010 et de multiplier les attaques, souvent dirigées contre la police, l'armée ou des responsables politiques et religieux, sans jamais s'en prendre à une cible internationale.

Selon le responsable de la sécurité des Nations unies Gregory Starr, dépêché à Abuja, il n'y avait pas eu avant l'attentat de menace spécifique contre les opérations de l'ONU au Nigeria.

Des agents du FBI ont également été envoyés au Nigeria, à la demande des autorités d'Abuja, selon l'ambassade des États-Unis.

Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique. Ses quelque 150 millions d'habitants sont à peu près également répartis entre le nord majoritairement musulman et le sud essentiellement chrétien.