Louis Langlais faisait partie de l'élite de l'armée américaine : les Navy Seals, une force spéciale composée de soldats hyper entraînés affectés aux missions les plus dangereuses, comme celle qui a permis de tuer ben Laden.

Jeudi, le Pentagone a confirmé que 17 soldats des Navy Seals - dont M. Langlais - faisaient partie des 38 occupants de l'hélicoptère qui a été abattu par des talibans, samedi dernier, en Afghanistan.

Les Seals - pour sea, air and land - sont un corps d'élite de 2300 soldats. Au sein de l'armée américaine, «c'est la crème de la crème», souligne le lieutenant-colonel à la retraite Rémi Landry. «Des gens dans une condition physique extraordinaire qui sont capables d'endurer des stress très importants.»

Louis Langlais faisait peut-être même partie de l'élite de l'élite : le fameux Team 6, une équipe d'étoiles comprenant environ 300 membres des Navy Seals. Selon un responsable de l'armée qui s'est exprimé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, la plupart des Seals qui sont morts dans l'hélicoptère appartiennent à cette unité officiellement appelée DEVGRU (pour United States Naval Special Warfare Development Group).

Selon plusieurs médias américains, environ 23 membres de cette unité ont contribué à tuer Oussama ben Laden au Pakistan, en mai.

Au lendemain de la mort du chef d'Al-Qaida, The New York Times décrivait le Team 6 comme une «unité tellement secrète que la Maison-Blanche et le département d'État n'admettent pas directement son existence».

Le quotidien rappelait qu'entre autres missions périlleuses, les membres de DEVGRU avaient traqué les criminels de guerre en Bosnie, s'étaient battus contre des pirates somaliens pour sauver un otage américain et avaient combattu dans les combats les plus sanglants en Afghanistan.

Dans ce pays, «leur rôle principal, c'est de faire des raids pour tenter d'éliminer des chefs talibans, pour détruire leurs repaires et des caches de munitions», décrit le lieutenant-colonel à la retraite Gilles Paradis. «Et ça peut carrément aller jusqu'à l'élimination de chefs de guerre talibans ou de figures de proue des mouvements terroristes, dont Al-Qaida.»

Missions secrètes

Les Navy Seals doivent garder le secret sur leurs missions. Normalement, leurs familles ne savent pas ou à peine ce qu'ils font et où ils se trouvent.

Après la mort des 17 Seals, samedi, les dirigeants des forces spéciales de l'armée américaine ont demandé - pour des raisons de sécurité - que l'identité des victimes ne soit pas révélée, alors que le Pentagone rend habituellement public le nom de chaque militaire tué en opération.

Le Pentagone a tout de même révélé leurs noms, hier, comme avaient déjà commencé à le faire plusieurs membres des familles des soldats qui ont péri dans l'hélicoptère.

Les risques de la fonction et le secret qui l'entoure n'empêchent pas les jeunes soldats américains d'envier les Navy Seals et, surtout, de les admirer, note M. Paradis.

Chaque année, selon le site Internet des Navy Seals, environ 1000 hommes amorcent l'entraînement et environ de 200 à 250 le réussissent. Les candidats doivent entre autres passer à travers la «semaine de l'enfer» : cinq jours et demi pendant lesquels ils dorment moins de quatre heures au total, courent environ 322 km, nagent, rament, font des redressements assis et des pompes, 20 heures par jour.

«L'inconfort physique et la douleur vont en convaincre plusieurs que ça n'en vaut pas la peine», peut-on lire sur le site. «L'eau froide dans laquelle ils vont friser l'hypothermie va convaincre les autres d'abandonner.»

Pour faire partie de Navy Seals, Louis Langlais devait être au sommet de sa forme. Il avait 44 ans.