Avec l'afflux croissant de migrants sur les côtes espagnoles, ils sont de plus en plus nombreux au nord dans la ville frontalière d'Irun, parfois dans des abris de fortune, avec l'espoir d'entrer en France, témoignent habitants et responsables locaux.

Les associations et habitants de cette ville du pays Basque espagnol se sont rassemblés pour créer un réseau informel d'aide aux migrants afin de leur fournir nourriture et vêtements en raison de la hausse des nouvelles arrivées, selon l'activiste Bibi Liras.

La ville frontalière d'Irun, selon elle, a toujours vu des migrants arriver au compte-goutte pour traverser la frontière et se rendre en France.

Mais la hausse s'est accentuée depuis le mois dernier, explique la militante, le jour où le bateau d'une ONG avec 87 migrants à son bord a accosté dans le port d'Algésiras.

«Ils ont commencé à dormir dans la gare ou dans les parkings, c'est là que nous nous sommes rendu compte que la situation était inhabituelle», raconte-t-elle.

De 4 à 5 par jour, la petite ville frontalière voit désormais arriver une quarantaine de migrants quotidiennement.

La Croix-Rouge peut accueillir 24 personnes dans son refuge à Irun, et trois établissements similaires existent dans le pays Basque.

En tout, 177 personnes peuvent être hébergées pour des séjours de trois à quatre nuits, et 1600 personnes ont bénéficié des services de la Croix-Rouge au cours des deux derniers mois, selon un porte-parole de l'association, 

Hausse importante mais maîtrisée 

Les migrants n'ayant pas trouvé d'hébergements à Irun se tournent donc vers le réseau de bénévoles qui cuisinent pour eux et leur fournissent des vêtements, selon Bibi Liras. Des douches sont également mises à leur disposition dans une école de danse locale.

Malgré tout, les nuits sont rudes pour ceux qui n'ont pas trouvé d'hébergement et qui doivent dormir à la gare du village.

Le nombre de migrants passant par cette région du nord de l'Espagne a «fortement augmenté au cours des deux dernières semaines», selon un membre du gouvernement basque qui a souhaité conserver l'anonymat.

«Nous n'en sommes pas à des centaines» d'arrivées, tempère-t-il, tout en précisant que les chiffres actuels sont encore gérables.

Beaucoup de ces migrants, venant de pays d'Afrique sub-saharienne comme le Ghana ou la Guinée, veulent se rendre en France ou en Belgique où ils ont de la famille, précise-t-il.

Mais la traversée de la frontière n'est pas simple: les autorités françaises ont passé un accord avec l'Espagne qui leur permet de renvoyer tout migrant interpellé à la frontière ou se trouvant en France depuis moins de quatre heures, selon un communiqué du gouvernement basque publié cette semaine.

Cet accord a été critiqué par des associations selon lesquelles les migrants devraient pouvoir circuler librement dans l'Union européenne.

La loi prévoit que les personnes se trouvant en France depuis plus de quatre heures ont droit à un avocat, et le processus d'expulsion vers l'Espagne en sera plus long, selon une source gouvernementale.