Plus de 1750 migrants ont été secourus mercredi et jeudi au large de la Libye, ont annoncé les gardes-côtes italiens et des ONG, à la veille d'un sommet européen centré sur cette question.

Quelque 450 personnes ont été récupérées jeudi dans cinq opérations distinctes et plus de 1300 la veille sur 13 embarcations de fortune, selon les garde-côtes italiens.

À l'aube, le navire Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), a secouru 100 personnes, dont sept femmes et 41 mineurs non accompagnés, ont annoncé les deux ONG sur Twitter.

Récupérés à 22 milles nautiques au large de Sabrata, les migrants, qui n'avaient qu'une vieille boussole et aucun gilet de sauvetage, ont raconté être partis vers 22h00 en compagnie d'autres personnes.

Ces nouvelles arrivées de migrants interviennent alors que plus au nord, les préparatifs étaient en cours à Malte pour un sommet européen vendredi qui doit être largement consacré à la crise migratoire et au projet européen de soutenir en Libye la lutte contre les passeurs.

Il est «temps de fermer» la voie entre la Libye et l'Italie et cet objectif est «à notre portée», a affirmé jeudi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Le dirigeant européen, qui recevait à Bruxelles le chef du gouvernement d'union nationale (GNA) en Libye, Fayez al-Sarraj, a expliqué que l'UE avait «démontré sa capacité à fermer des routes migratoires», allusion au pacte conclu en mars 2016 avec la Turquie ayant considérablement réduit les arrivées de migrants sur les côtes grecques.

Fayez al-Sarraj a lui affiché la bonne volonté de son gouvernement pour contribuer à freiner ce flux et à lutter contre les réseaux de passeurs.

Mais «nous espérons que les mécanismes de l'Union européenne pour aider la Libye seront plus concrets», a-t-il souhaité en regrettant des montants d'aide «très petits».

La Commission européenne a offert fin janvier d'ajouter 200 millions d'euros dans son fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique lancé fin 2015, et d'allouer principalement cet argent destiné au Maghreb à la gestion de la crise migratoire en Libye cette année. L'enveloppe s'ajoute à quelque 46 millions d'euros déjà réservés par l'UE pour l'aide aux migrants en Libye à travers divers instruments financiers.

Il s'agit de renforcer le soutien aux gardes-côtes libyens dans la lutte anti-passeurs ainsi que l'aide financière aux agences de l'ONU qui interviennent dans les camps de détention de migrants sur le sol libyen.

Sur le pont de l'Aquarius, où les visages se ferment dès que l'on pose des questions sur la Libye, l'idée de bloquer les migrants dans ce pays où ils sont victimes d'abus et de tortures n'apparaît pas comme une solution.

«J'ai passé trois mois en Libye. Là-bas, les noirs ils les mettent en prison. On n'a presque pas à manger ou à boire», a témoigné jeudi matin un jeune homme de 26 ans originaire de Guinée Bissau.

«Les Libyens nous tirent dessus comme sur des chiens», a ajouté Boubacar, Guinéen de 17 ans, selon des propos rapportés par une porte-parole de SOS Méditerranée.

«Déclarer la guerre aux passeurs ne résout en rien les guerres, la pauvreté et l'absence d'alternative qui alimentent leur trafic», a fait valoir MSF sur Twitter.

Avant les secours de ces derniers jours, les autorités italiennes ont enregistré l'arrivée de 4480 personnes en janvier, tandis que plus de 220 sont morts ou disparus en mer durant la même période, selon l'ONU.

L'Italie a vu débarquer sur ses côtes en 2016 plus de 180 000 migrants, un nombre record. Quelque 4500 personnes ont perdu la vie en cherchant à les atteindre.