Le président désigné Donald Trump a estimé qu'Angela Merkel avait commis «une erreur catastrophique» en ouvrant son pays aux migrants, et a accusé l'Allemagne de dominer l'UE, dans une interview diffusée dimanche soir.

«Je pense qu'elle a fait une erreur catastrophique et que c'était de prendre tous ces migrants illégaux, de prendre tous ces gens d'où qu'ils viennent», a déclaré M. Trump aux quotidiens allemand Bild et britannique Times.

Donald Trump a jugé que les conséquences de cette politique d'accueil s'étaient fait récemment «clairement sentir» dans le pays, dans une allusion à l'attentat au camion-bélier contre un marché de Noël à Berlin le 19 décembre , qui a fait 12 morts et a été revendiqué par l'organisation État islamique.

Le président désigné a ainsi en partie repris à son compte une accusation de la droite populiste allemande, dont un représentant, Marcus Pretzell, a accusé en décembre la chancelière d'être responsable de l'attentat dans la capitale allemande. «Ce sont les morts de Merkel», avait-il dit, créant une polémique dans le pays.

La chancelière allemande avait décidé en septembre 2015 d'ouvrir les frontières de son pays à des dizaines de milliers de migrants, dont une partie fuyant la guerre civile en Syrie, qui se pressaient aux portes de l'Allemagne en provenance de la route des Balkans.

Au total le pays a enregistré un nombre record de 890 000 demandeurs d'asile en 2015, chiffre réduit à 280 000 en 2016 à la suite d'un net durcissement de la politique du gouvernement en matière d'immigration.

Donald Trump a jugé que Berlin, plutôt que d'accueillir des réfugiés, aurait mieux fait de militer davantage pour obtenir la créations de zones d'exclusion aérienne en Syrie pour protéger la population locale des bombardements. «Les pays du Golfe auraient dû payer pour ça, après tout ils ont plus d'argent que quiconque», a-t-il dit selon Bild.

M. Trump a aussi accusé l'Allemagne de dominer l'Union européenne.

«Vous regardez l'Union européenne et cela revient à l'Allemagne, c'est en gros un instrument pour l'Allemagne. C'est la raison pour laquelle je pense que le Royaume-Uni a eu bien raison d'en sortir», a dit le président désigné.

Malgré tout, Donald Trump a dit avoir «beaucoup de respect» pour Angela Merkel, qui «est de loin l'un des chefs de gouvernements les plus importants».

«Je la respecte, je l'apprécie mais je ne la connais pas donc je ne peux pas dire qui je soutiendrais» lors des élections législatives allemandes prévues en principe fin septembre, «au cas où je soutienne quelqu'un».

Angela Merkel a vu sa popularité baisser depuis l'arrivée d'un nombre record de demandeurs d'asile, même si elle reste favorite dans les sondages pour être réélue chancelière en septembre.

La droite populiste anti-immigration de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est en forte progression depuis plusieurs mois. Et Angela Merkel est contestée au sein de sa propre famille politique.

Une députée en vue de son parti conservateur (CDU), Erika Steinbach, qui fut jusqu'en 2010 membre des instances dirigeantes, a annoncé ce week-end qu'elle claquait la porte du mouvement pour dénoncer la politique d'accueil des migrants. Elle a accusé Mme Merkel d'avoir trop déplacé la CDU vers la gauche et «massivement porté préjudice» au parti.