Les 193 pays de l'ONU ont promis lundi de tenter d'améliorer le sort de millions de réfugiés pour répondre à une crise sans précédent, mais sans se fixer d'objectifs chiffrés, au grand dam des ONG.

Cette déclaration d'intention les engage à «protéger les droits fondamentaux de tous les réfugiés et migrants», accroître le soutien aux pays d'accueil débordés et promouvoir l'éducation des enfants réfugiés, a énuméré le secrétaire général Ban Ki-moon en ouvrant ce premier sommet onusien consacré aux migrations.

Il a appelé les dirigeants mondiaux à «combattre la xénophobie croissante» dont sont victimes les migrants.

Refusant que ce sommet soit celui «de l'auto-congratulation et du confort», le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Ra'ad al-Hussein s'en est pris avec virulence aux «sectaires et aux escrocs» qui refusent «de partager les responsabilités» en accueillant davantage de réfugiés sur leur sol.

«Beaucoup semblent avoir oublié les deux guerres mondiales, ce qui se passe quand la peur et la colère sont attisées par des demies vérités et des mensonges flagrants», a-t-il lancé.

«L'amère vérité est que ce sommet a été convoqué parce que nous avons échoué, que nous avons échoué à mettre fin à la guerre» en Syrie, a-t-il ajouté, déclenchant des applaudissements.

Le premier ministre libanais Tammam Salam a souligné le fardeau que représente pour son pays de quatre millions d'habitants la présence de 1,5 million de réfugiés syriens. «Sans un effort massif de la communauté internationale, le Liban risque l'effondrement», a-t-il lancé.

Le premier ministre grec Alexis Tsipras, dont le pays a vu passer 1,2 million de migrants depuis un an, a averti que ne pas régler cette crise migratoire «encouragerait les forces nationalistes et xénophobes à relever la tête pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale».

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a mis en garde contre la montée de l'islamophobie en Europe de l'Ouest, «qui doit se montrer plus vigilante que jamais» à ce sujet.

La Turquie, voisine de la Syrie en guerre, accueille sur son sol 2,7 millions de Syriens.

L'un des rares engagements concrets est venu de la Chine, dont le Premier ministre Li Keqiang a annoncé une contribution de 100 millions de dollars pour l'aide humanitaire aux réfugiés.

La Chine «est prête à assumer ses responsabilités en fonction de ses capacités», a-t-il souligné.

Il y a 65 millions de personnes déplacées dans le monde, dont 21 millions de réfugiés, fuyant persécutions, pauvreté ou conflits. En deux ans, 7000 hommes, femmes et enfants ont péri en Méditerranée en tentant de gagner l'Europe.

Ce sommet a pour toile de fond la guerre en Syrie, qui a fait plus de 300 000 morts en cinq ans et poussé plus de quatre millions de Syriens à l'exil vers des pays voisins surchargés ou vers l'Europe.

Une trêve précaire instaurée depuis quelques jours a pris fin lundi.

Occasion manquée 

Le texte adopté lundi par consensus est une simple déclaration politique sans objectifs chiffrés, et surtout sans engagements précis sur l'aide aux réfugiés.

Ban Ki-moon avait suggéré que les pays accueillent chaque année 10% du total des réfugiés mais au fil des négociations, cet objectif a été renvoyé à 2018 au plus tôt.

Les ONG aidant les migrants et réfugiés n'ont pas manqué de dénoncer une occasion manquée.

Pour l'ONG britannique OXFAM, «les gouvernements n'ont répondu qu'à moitié» à cette crise. «Nous ne pouvons pas l'accepter», a affirmé sa directrice générale Winnie Byanyima. «Les pays riches doivent faire davantage pour accueillir, protéger et soutenir les réfugiés».

Mardi, ce sera au tour du président américain Barack Obama d'aborder la crise migratoire sous un angle plus concret. Il a invité une quarantaine de pays donateurs, qui vont promettre d'accueillir davantage de réfugiés, de leur offrir des possibilités d'éducation et d'emploi et d'accroître l'aide aux principaux pays d'accueil, souvent débordés.

Plus de la moitié des réfugiés vivent dans huit pays (Liban, Jordanie, Turquie, Iran, Kenya, Ethiopie, Pakistan, Ouganda) tandis que les pays les plus riches n'en accueillent que 14%.