La Grèce a renvoyé vendredi depuis l'île grecque de Lesbos vers la Turquie 45 migrants, en application de l'accord UE-Turquie, a constaté un correspondant de l'AFP.

Il s'agit de 45 Pakistanais, selon une source policière.

C'est la première fois que la Grèce renvoie des migrants depuis la journée hautement médiatisée de lundi, lorsqu'elle avait renvoyé 202 personnes, là encore pour beaucoup des Pakistanais, depuis les îles de Lesbos et Chios.

Trois militants ont été arrêtés vendredi après avoir tenté d'empêcher le départ en s'accrochant à l'ancre du traversier dans le port de Mytilène.

Une trentaine d'autres étaient venus manifester dans le port, en chantant «Arrêtez les renvois», «UE honte à toi» et «Liberté pour les réfugiés».

Un groupe de 80 autres migrants devait être renvoyé plus tard dans la journée, selon des sources concordantes.

Tous ces renvois ne concernent que des personnes n'ayant pas demandé l'asile. «Quiconque demande l'asile est ôté de la liste» des renvois, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale cette semaine.

Or une très grande partie des quelque 6000 migrants arrivés en Grèce depuis le 20 mars, et donc visés par l'accord UE-Turquie, ont demandé l'asile ces jours-ci, ce qui retarde leur départ, chaque demande devant être examinée individuellement.

La Grèce s'est engagée à effectuer la procédure d'examen d'asile en 15 jours pour chacun. Le problème est que très peu des personnels européens spécialistes du droit d'asile, promis par l'UE dans le cadre de l'accord, sont arrivés sur les îles pour traiter ces demandes.

Le gouvernement grec, qui avait laissé entendre qu'il y aurait un nouveau renvoi vendredi, avait en même temps indiqué anticiper un délai de 15 jours avant la prochaine vague de renvois.

La situation provoque des actes désespérés parmi les migrants. Jeudi, quelque 150 personnes ont réussi à fuir du camp de Samos, avant d'être persuadées d'y retourner, selon une source gouvernementale grecque. La même chose est arrivée la semaine dernière à Chios, où au moins 600 personnes ont quitté le camp de Vial, et restent depuis sur le port.

À Samos et Lesbos, des dizaines de migrants affirment aussi avoir entamé une grève de la faim pour empêcher leur expulsion.

La mise en oeuvre de l'accord est d'autant plus difficile que de nouveaux migrants irréguliers continuent à débarquer chaque jour par dizaines, même si ce chiffre est très inférieur aux milliers qui arrivaient quotidiennement l'été dernier.

Entre jeudi 8 h et vendredi 8 h (1 h, heure de Montréal), 149 personnes sont encore arrivées en provenance de Turquie, selon les chiffres publiés par le gouvernement grec chaque jour.

PHOTO OZAN KOSE, AFP

La Grèce a renvoyé vendredi depuis l'île de Lesbos vers la Turquie 45 migrants pakistanais.

Les arrivées de migrants en Allemagne en chute libre

L'Allemagne a enregistré en mars une baisse de deux tiers des arrivées de nouveaux demandeurs d'asile par rapport à février, une conséquence de la fermeture de la route des Balkans, a annoncé vendredi le ministre de l'Intérieur.

«En décembre, on avait 120 000 personnes, en janvier 90 000, en février 60 000 et maintenant en mars 20 000», a annoncé le ministre Thomas de Maizière, citant le nombre mensuel d'enregistrements dans le système EASY qui comptabilise les migrants comptant déposer une demande d'asile.

Au dernier trimestre 2015, «plus de 500 000 demandeurs d'asile avaient été recensés. Au premier trimestre (2016), il y en avait à peine 170 000. Cela correspond à un recul de 66 %», a encore souligné le ministre, alors que l'Allemagne a accueilli en 2015 1,1 million de demandeurs d'asile, après que la chancelière Angela Merkel eut ouvert les portes du pays aux réfugiés.

«Nos mesures fonctionnent», s'est félicité le ministre, évoquant un «développement positif», mais refusant à donner des prévisions pour l'année en cours, car si la fermeture début mars de la route des Balkans a tari le flux des migrants, d'autres routes peuvent émerger.

«On ne peut absolument pas contester que le reflux des arrivées est dû à la fermeture de la route des Balkans», a concédé le ministre, insistant aussi sur les vertus de l'accord, controversé, signé le 18 mars entre l'UE et la Turquie et dont Berlin fut le grand artisan : «il y a maintenant une solution européenne».