Des rumeurs d'une ouverture imminente de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, ont provoqué dimanche une certaine effervescence dans le camp d'Idomeni et un nouvel afflux de centaines de migrants, au moment où les autorités grecques tentent d'évacuer 11 600 personnes qui y sont bloquées après la fermeture de la route des Balkans vers l'Europe.

En fin de matinée, 250 personnes de tous âges se pressaient sur des voies ferrées et le long de la clôture de la frontière en chantant, manifestaient pacifiquement en scandant des slogans sous le regard d'une cinquantaine de policiers grecs équipés de boucliers, a rapporté un journaliste de l'AFP.

«Pas de violence, nous voulons simplement traverser», pouvait-on lire sur une banderole. «La liberté de mouvement est un droit pour tous», lisait-on sur une autre.

Certaines personnes tentaient d'avancer vers les policiers alignés, tandis que pour éviter l'affrontement, des migrants formaient une chaîne humaine à quelques mètres de la police.

Des échauffourées entre migrants ont éclaté, des Syriens et des Irakiens accusant les Afghans de vouloir forcer le passage.

Mohamed Mohamed, un Syrien de 29 ans, actif dans la chaîne qui essayait de contenir la foule, a assuré au journaliste de l'AFP qu'ils ne forceraient pas le passage.

Cette vague de nouveaux arrivants à Idomeni et la manifestation semblent avoir été encouragées par cette rumeur indiquant que dimanche à midi des journalistes internationaux et des responsables de la Croix-Rouge viendraient les aider à forcer le passage vers la Macédoine, a déclaré un Syrien à l'agence grecque ANA.

«Nous avons entendu dire aujourd'hui que la frontière s'ouvrirait (...) et que la Croix-Rouge et 500 journalistes du monde entier nous accompagneraient», a-t-il dit.

«Les gens sont là depuis longtemps. Je crois que c'est très dangereux de traverser, surtout avec des enfants, mais que faire?», a dit à l'AFP Qasim Mosawy, un Afghan de 24 ans.

«Nous essayons de renforcer notre campagne d'information en direction des réfugiés. Mais il y a des gens qui, pour des raisons que nous ignorons, soulèvent de faux espoirs», a déclaré dimanche Giorgos Kyritsis le porte-parole de SOMP, l'agence qui coordonne les efforts d'Athènes face à la crise des migrants.

Il y a deux semaines, des centaines de migrants ont été stoppés par l'armée macédonienne après avoir tenté en vain de quitter la Grèce en traversant une rivière au péril de leur vie: trois Afghans et une femme enceinte s'y sont noyés, et les autres ont été refoulés vers la Grèce.

Le flux de migrants en provenance de Turquie a continué à diminuer, depuis l'entrée en vigueur il y a une semaine de l'accord UE-Turquie censé barrer la route migratoire européenne.

Alors qu'avant cet accord, le nombre d'entrées quotidiennes se comptait en milliers, les autorités ont indiqué samedi que 78 personnes seulement étaient arrivées vendredi sur les îles grecques et 161 jeudi. Le nombre de migrants présents sur le sol grec s'élève à 50 236.