Au moins 44 migrants, dont 20 enfants, se sont noyés vendredi en mer Égée, dans trois naufrages survenus entre les côtes turques et grecques, une des séries noires les plus meurtrières dans la zone depuis le début en 2015 de l'exode de populations fuyant guerres et misère.

La majorité des victimes - 11 enfants, 16 femmes et neuf hommes - se trouvaient parmi les passagers d'un voilier en bois, parti dans la nuit de la région de Bodrum, en Turquie, et qui a chaviré au large de l'îlot grec de Kalolimnos.

Le bilan de ce naufrage pourrait encore s'alourdir, les 26 rescapés ayant fait état de disparus, dont le nombre restait encore indéterminé dans l'après-midi, selon la police portuaire.

La plupart des passagers étaient syriens, irakiens et afghans, tous les survivants étant de ces nationalités, selon Marco Procaccini, responsable dans la zone du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). Ils ont été conduits sur l'île proche de Kalymnos, où onze restaient hospitalisés, sans que leurs jours soient en danger, les autres étant accueillis dans un hôtel.

«La plupart sont en état de choc, il y avait à bord des familles, dont dans certains cas seul le père a survécu», a-t-il affirmé à l'AFP.

Le HCR a dépêché sur place une équipe de cinq personnes assistées de deux interprètes pour veiller à l'hébergement des survivants, les guider dans les formalités et procédures d'identification de leurs proches disparus, et s'assurer qu'ils puissent communiquer avec leurs autres proches hors de Grèce, a-t-il expliqué.

Les humanitaires s'employaient aussi à prendre soin des 48 rescapés de l'autre naufrage survenu dans les eaux grecques, qui a coûté la vie à six enfants et une femme. Les survivants, dont le bateau s'est échoué sur les côtes de l'îlot de Farmakonissi, ont été transférés sur l'île proche de Léros.

Les gardes-côtes turcs ont de leur côté repêché les corps de trois enfants après un troisième naufrage au large de Didim, selon l'agence de presse Dogan.

Un flux du «désespoir»

Les autorités grecques et les humanitaires mettaient en garde depuis des semaines contre le risque croissant encouru lors de ces traversées par réfugiés et migrants, du fait de l'arrivée de l'hiver. Or s'il a légèrement ralenti les arrivées, le mauvais temps ne les a pas taries avec, selon l'OIM, près de 36 000 arrivées sur les îles grecques depuis le début de l'année.

«Ce flux est la preuve du désespoir des réfugiés, qui vivent dans des conditions de misère dans les pays voisins de la Syrie», selon Kaity Kehayioglu, porte-parole du HCR en Grèce.  «Il faut trouver des moyens légaux, plus organisés et plus sûrs» pour encadrer cet exode, insiste-t-elle.

La lourdeur du bilan humain ces derniers jours s'explique par une «combinaison de facteurs. Pour beaucoup c'est à cause du mauvais temps. Mais il y a aussi le fait que la tendance en Europe pousse les réfugiés à prendre beaucoup plus de risques pour pouvoir passer tant que c'est encore possible, tandis que les trafiquants ont baissé leurs prix, à quelques centaines d'euros», relève pour sa part Kurt Day, de l'ONG International rescue committee (IRC).

«La proportion de femmes et d'enfants a aussi augmenté ces derniers mois parmi les arrivants, et ce sont des populations plus vulnérables, en particulier les enfants, très exposés au risque d'hypothermie», ajoute-t-il.