Le Conseil des Droits de l'homme de l'ONU a passé jeudi le Danemark sur le gril à propos de sa réforme controversée du droit d'asile, accusée par certains pays d'attiser la xénophobie.

Pendant plus de trois heures et demie, le chef de la diplomatie danoise, Kristian Jensen, a dû s'expliquer sur les récentes prises de position de son gouvernement à l'égard des réfugiés et essuyer les critiques d'une partie des 87 diplomates réunis au Conseil à Genève.

Le représentant américain Keith Harper a été l'un des plus virulents à l'égard de la réforme qui sera présentée le 26 janvier au parlement danois et qui prévoit notamment la confiscation des effets de valeur des migrants.

«Nous prenons note avec inquiétude de la loi en discussion au parlement danois qui va autoriser la fouille des biens en possession des demandeurs d'asile et la confiscation de l'argent et de certains objets de valeur», a-t-il dit devant le Conseil.

Le représentant égyptien Mohamed Elmolla, a lui aussi fustigé ce projet, qui serait «une violation claire de leurs droits en vertu de la Déclaration universelle des droits de l'homme».

Mais M. Jensen a affirmé que toutes ces critiques découlaient de «graves malentendus» car «le système de protection sociale danois est basé sur le principe très simple que l'État paye pour ceux qui sont incapables de se prendre en charge, pas pour ceux qui le peuvent».

Le ministre a expliqué que la confiscation des liquidités des migrants au-delà de 10 000 couronnes danoises (2070$) et de leurs effets personnels excédant 10 000 couronnes, contribuerait à couvrir les frais de leur séjour. Il a toutefois précisé que les alliances et les objets ayant une valeur sentimentale ne seraient pas confisqués.

D'autres aspects de la loi inquiètent les organisations internationales.

Le gouvernement danois veut en effet porter de un an actuellement à trois ans le délai pour ouvrir le regroupement familial aux demandeurs d'asile ne jouissant pas du statut de réfugié.

Veronika Bard, représentante de la Suède, a déclaré comprendre les défis auxquels est confronté son voisin danois, mais a souligné que la Suède était «préoccupée par l'évolution du discours public au Danemark à l'égard des migrants, qui parfois tourne à la haine».

M. Jensen a répondu que le Danemark défendait les droits de l'homme, chez lui et à l'extérieur, mais a reconnu que face à cet afflux de réfugiés, son pays devait «faire mieux» dans le domaine de l'intégration.

Le Danemark, peuplé de 5,6 millions d'habitants, a accueilli l'an dernier 21 000 migrants, soit l'un des taux par habitant le plus élevé, avec la Finlande, l'Autriche, la Suède et l'Allemagne.