Plus de mille rabbins ont signé une lettre ouverte en faveur de l'accueil de réfugiés aux États-Unis, qui a été adressée aux élus du Congrès américain, en pleine polémique sur le sujet.

« Depuis leur création, les États-Unis ont offert refuge et protection aux populations les plus vulnérables du monde », écrivent les chefs religieux dans la lettre publiée sur le site de l'Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS), une organisation d'aide aux réfugiés de confession juive.

« Nous sommes, dès lors, alarmés de voir tant de politiciens déclarer leur opposition à l'accueil des réfugiés », poursuivent-ils.

Après les attentats de Paris, la question des réfugiés syriens est devenue un enjeu politique aux États-Unis, en pleine campagne présidentielle.

Les républicains sont déterminés à faire barrage à l'engagement du président Barack Obama d'en accueillir 10 000 dans l'année à venir.

Plusieurs candidats à la primaire républicaine ont dit leurs craintes de voir des réfugiés syriens autorisés à entrer sur le territoire américain, de peur qu'un djihadiste ne se trouve parmi eux et vienne commettre un attentat.

« On cite les attaques terribles du mois dernier à Paris et Beyrouth comme justifiant de refuser l'accueil de personnes qui sont elles-mêmes victimes du terrorisme », rappellent les rabbins dans la lettre.

« À travers ces commentaires, nous voyons, nous responsables du culte juif, l'un des moments les plus sombres de notre histoire se répéter », continuent-ils.

Ils rappellent ainsi l'épisode du St. Louis, un navire parti d'Hambourg pour Cuba en mai 1939 avec, à son bord, 937 passagers dont la quasi-totalité était juifs.

Une poignée de passagers seulement ayant été autorisée à débarquer à Cuba, le navire tentait de débarquer aux États-Unis, mais les autorités américaines lui en refusaient l'autorisation.

Il était alors contraint de retourner en Europe. Quelque 254 passagers allaient mourir durant la guerre, victimes de la politique d'extermination nazie, selon les données du mémorial américain de l'Holocauste.

« En 1939, notre pays n'a pas pu faire la différence entre un véritable ennemi et les victimes de cet ennemi », souligne la lettre. « En 2015, ne refaisons pas la même erreur ».