Les grands patrons des agences canadiennes de sécurité et du renseignement ont cherché à se faire rassurants, hier : ils ont bel et bien la capacité de faire les vérifications qui s'imposent afin de protéger les Canadiens contre les menaces potentielles posées par l'accueil rapide de 25 000 réfugiés d'ici la fin de l'année.

« Je veux que les Canadiens sachent qu'en tant que directeur du SCRS, je suis sûr que les mesures en vigueur sont robustes et que j'ai pleinement confiance qu'elles seront appropriées », a déclaré Michel Coulombe, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

De plus en plus de gens au Canada expriment leur inquiétude devant cet accueil jugé trop rapide et un nombre trop élevé de réfugiés d'ici six semaines. Les chefs du SCRS, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et le ministre fédéral de la Sécurité publique ont livré une rare conférence de presse conjointe pour répondre à ces préoccupations. Ils ont fourni quelques détails sur la situation sécuritaire au pays dans la foulée des attentats de Paris et sur leurs démarches pour assurer la sécurité tout en respectant la promesse électorale du Parti libéral.

Les détails du plan fédéral seront annoncés au cours des prochains jours, a confirmé le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale. Il a toutefois précisé que les vérifications se feraient en différentes étapes.

La présélection

La première de ces étapes est la présélection de candidats ou de catégories de candidats qui ne représentent pas de danger pour le Canada. Peter Showler, spécialiste de la question des réfugiés à l'Université d'Ottawa, juge que le Canada devrait se concentrer sur trois catégories : les femmes et les enfants, les personnes arrivées dans les camps avant que le groupe armé État islamique commence à faire des ravages en Syrie et les personnes visées par des demandes de réunification familiale. Le ministre Goodale n'a pas voulu s'engager en ce sens.

« Nous souhaitons trouver des gens qui sont vulnérables, qui suscitent le moins grand nombre de questions de sécurité et les gens qui ont la plus grande chance d'adaptation. »

La deuxième étape est l'entrevue menée avec un agent du « gouvernement du Canada », pour évaluer les questions relatives à la vulnérabilité, mais aussi à la crédibilité du candidat, son état de santé et la menace qu'il peut poser à la sécurité du pays.

Vérifications

La troisième étape porte sur les vérifications de sécurité elles-mêmes, qui seront menées par le SCRS, l'ASFC, la GRC et d'autres agences et organismes canadiens. Ces démarches incluent des prélèvements biométriques, de même que des vérifications informatiques et de bases de données. La présidente de l'ASFC, Linda Lizotte MacPherson, a affirmé à cet égard que malgré les délais, « les vérifications habituelles des bases de données seront menées pour tous les réfugiés ».

« Notre objectif est de terminer la plus grande quantité de travail avant que les nouveaux arrivants parviennent [au pays] », a précisé le ministre Goodale. « Nous avons l'intention de terminer la vaste majorité de ce travail d'ici la fin de l'année », a-t-il ajouté.

La sécurité au Canada

Même niveau de sécurité

Les grands responsables de la sécurité au Canada ont affirmé hier qu'ils n'avaient reçu aucune information au cours des derniers jours les incitant à rehausser le niveau de menace qui pèse sur le pays, malgré les attaques de Paris. Ce niveau est à «moyen» depuis les attaques d'Ottawa et de Saint-Jean-sur-Richelieu à l'automne 2014.

Pas de lien avec le Canada

Les enquêtes d'agences comme la GRC et le SCRS se poursuivent dans la foulée des attentats commis en France, mais elles n'ont mené à aucune piste permettant de conclure à un lien avec le Canada. Des médias ont soulevé la possibilité qu'une personne qu'on entend dans un enregistrement de l'EI ait un accent canadien. Selon le commissaire de la GRC, Bob Paulson, cette hypothèse demeure purement «spéculative».

Déséquilibré arrêté au Parlement

La GRC estime qu'un homme arrêté sur la colline du Parlement mardi n'était pas un terroriste, mais plutôt un déséquilibré qui est parvenu à déjouer les agents pour se rendre jusqu'à l'extérieur de l'édifice central, où se trouve la tour de la Paix. Yasin Mohammed Ali, 56 ans, de Toronto, a été accusé de port d'une arme dissimulée et il demeurera détenu jusqu'à sa prochaine comparution en cour, vendredi.

Hausse des signalements

Le commissaire de la GRC, Bob Paulson, a confié hier que son organisme a noté une hausse des signalements à son «Réseau info-sécurité nationale» au cours des derniers jours par des Canadiens aux aguets en raison des événements survenus en France. Ce genre de hausse n'est pas inhabituelle dans les circonstances, a noté le commissaire Paulson, et il a encouragé la population à rester vigilante.