Les discussions censées résoudre les divergences au sein de la coalition au pouvoir en Allemagne, sur la question des migrants, ont échoué dimanche, alors que le pays fait face à un afflux record de réfugiés.

Les réunions se poursuivront cette semaine, après deux séances de négociations pendant le week-end entre leaders des partis de la coalition sociaux-démocrates/conservateurs, a annoncé le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert.

«Les trois dirigeants des partis de la coalition (CDU de Merkel, SPD  sociaux-démocrates et CSU bavaroise, NDLR) ont mené des discussions constructives sur tous les aspects de la question des réfugiés et se réuniront de nouveau jeudi», en amont d'une réunion prévue des responsables de Länder (régions), a-t-il précisé dans un communiqué.

«Certains points doivent encore être résolus, notamment la question des "zones de transit"», a-t-il ajouté, faisant référence à la proposition des conservateurs de créer des postes le long des frontières allemandes, comme dans les aéroports, permettant un examen accéléré des dossiers. Ainsi, ceux parmi les migrants dont le profil ne correspond pas à celui de demandeurs d'asile pourraient être renvoyés rapidement.

Mme Merkel avait convoqué en urgence ces discussions dimanche après la menace de son allié bavarois Horst Seehofer (CSU) de saisir la justice allemande, sur une base légale encore floue, si Berlin ne limitait pas l'arrivée des migrants.

CSU et CDU ont publié en fin d'après-midi une «position commune» de six pages, qui laisse entier le blocage avec le SPD sur les zones de transit mais permet au camp conservateur d'afficher une unité largement mise à mal ces dernières semaines.

Dans le détail, les deux alliés proposent de geler pendant deux ans les possibilités de regroupement familial pour les réfugiés bénéficiant de la «protection subsidiaire», c'est-à-dire ceux qui ne relèvent ni du droit d'asile ni de la Convention de Genève. Entre janvier et septembre, ce statut n'a été accordé qu'à 1183 personnes, contre 67 290 bénéficiaires des deux autres statuts, selon l'Office fédéral de l'immigration et des réfugiés.

Ils prônent également un «centre commun» aux polices allemande et autrichienne pour faciliter leur travail à la frontière et mettre en place des patrouilles communes.

Le ton n'a cessé de monter depuis septembre parmi les conservateurs, la CSU reprochant à Mme Merkel d'avoir ouvert trop grand les portes du pays aux migrants, alors que l'Allemagne s'attend à recevoir entre 800 000 et un million de demandes d'asile en 2015.

La Bavière, État régional riche et très conservateur du sud de l'Allemagne, est en première ligne depuis plusieurs mois pour accueillir les nouveaux arrivants qui se massent à sa frontière avec l'Autriche.