L'Autriche va édifier une barrière le long de sa frontière avec la Slovénie, également membre de l'Union européenne, afin de contrôler le flux de migrants, a annoncé mercredi la ministre de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner.

«Il s'agit d'assurer une entrée ordonnée, contrôlée dans notre pays, et non pas de fermer la frontière», a expliqué la ministre à la télévision Oe1. «Ces dernières semaines, des groupes de migrants se sont montrés plus impatients, agressifs et émotifs» et «il s'agit de prendre toutes les précautions».

Membre du parti conservateur (ÖVP), allié de la coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates, la ministre a estimé nécessaire de prendre des «mesures lourdes, durables» face au risque de bousculades des migrants et réfugiés qui attendent généralement des heures dans le froid de passer la frontière entre les deux pays.

Elle n'a cependant pas donné de précisions sur la forme que prendrait cette barrière, qui selon plusieurs médias, s'étendra sur plusieurs kilomètres de part et d'autre du principal point de passage de la frontière utilisé par les migrants.

La ministre a ensuite parlé d'une «phase de planification de dix jours» en vue de concrétiser ce projet, tout en précisant qu'une «barrière avait aussi une porte», manière de signifier que l'Autriche n'entendait pas fermer sa frontière aux migrants, comme l'avait fait il y a quelques semaines la Hongrie.

Dans ce contexte, le premier ministre slovène Milo Cerar a déclaré mercredi, à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité national, que son pays «avait déjà préparé un scénario similaire depuis un bon moment», et que le gouvernement était «prêt à édifier une barrière» à sa frontière avec la Croatie dès qu'il le jugerait nécessaire.

Sa décision sera prise en fonction du degré de mise en oeuvre du plan d'urgence décidé lors du mini-sommet européen de Bruxelles dimanche, a ajouté le premier ministre: «nous regardons attentivement si les engagements de dimanche sont tenus. Si nous jugeons que ce n'est pas le cas, la Slovénie renforcera les mesures à sa frontière.»

Mme Mikl-Leitner avait fait plusieurs allusions ces derniers jours à un renforcement du dispositif à la frontière autrichienne où arrivent quotidiennement des milliers de migrants ayant auparavant traversé la Slovénie. Elle avait parlé mardi de «mesures structurelles» sans vouloir détailler son projet.

La ministre avait été la cible de nombreuses critiques la semaine dernière en Autriche lorsqu'elle avait plaidé pour la construction d'une «forteresse Europe».

Mais le parti social-démocrate du chancelier Werner Faymann ne semblait pas mercredi en désaccord avec l'annonce de la ministre. Le ministre SPÖ de la Défense Gerald Klug a déclaré dans une interview être prêt à envisager un système de barrières et conteneurs «pour être en mesure de contrôler l'arrivée des migrants de manière organisée».

La Hongrie avait fermé mi-octobre aux migrants une deuxième de ses frontières, celle avec la Croatie, désormais barrée d'une clôture de barbelés, entraînant un déplacement vers la Slovénie de l'itinéraire des migrants et réfugiés remontant de la Grèce vers le nord de l'Europe. Près de 90 000 migrants ont transité en Slovénie depuis le 17 octobre.