Plus de 1300 migrants ont été évacués vendredi matin d'un lycée désaffecté, le dernier grand campement installé à Paris où ils vivaient depuis l'été dans des conditions insalubres, pour être acheminés vers des centres d'hébergement.

L'opération à laquelle participait un important dispositif de sécurité s'est déroulée dans le calme, les occupants en ayant été informés la veille. Nombre d'entre eux étaient déjà sortis d'eux-mêmes, bagages à la main, tandis que les travailleurs sociaux et agents des services d'immigration étaient présents à l'extérieur, ont rapporté des journalistes de l'AFP.

Au total, 33 cars ont été mobilisés pour l'opération et «1308 personnes sont montées dans les bus», a indiqué la préfecture de police, précisant qu'«un hébergement a été trouvé pour chacun».

«Je sais pas où je vais, mais c'est toujours mieux qu'ici : on aura une douche, un repas, ici il y avait trop de bagarre», a déclaré un Marocain, cramponné à deux valises.

Le bâtiment avait été occupé le 31 juillet par les migrants, et sa population avait rapidement grossi : d'une centaine début août, leur nombre est passé à 700 en septembre - Soudanais, Afghans, Érythréens... essentiellement des hommes, mais également quelques femmes que la Ville de Paris a entrepris de mettre progressivement à l'abri depuis plusieurs semaines.

Le 26 septembre, la justice avait donné un mois aux occupants pour évacuer les lieux, un austère bâtiment de quatre étages situé dans une impasse, dans un quartier populaire du nord de la capitale française.

PHOTO DOMINIQUE FAGET, AFP

Tenus à distance de l'opération d'évacuation, des militants d'associations de défense des sans-papiers ont scandé «Des papiers pour tous!» et «Solidarité avec les réfugiés!».

Ce lycée était le dernier gros campement de migrants installé dans Paris, après l'évacuation de ceux installés sous une ligne de métro aérien dans le nord de la capitale début juin et près de la gare d'Austerlitz (ouest) à la mi-septembre. Depuis, quelque 2200 personnes ont été hébergées par l'État.

Les pouvoirs publics préparaient activement l'évacuation de ce campement devenu ingérable en raison du nombre de personnes entassées dans les anciennes salles de cours transformées en dortoirs, et des conditions insalubres. «Il y avait des risques d'épidémie», a indiqué à l'AFP un médecin bénévole.

L'autogestion défendue par le collectif qui avait occupé le bâtiment fin juillet pour y reloger les migrants avait en effet rapidement atteint ses limites, malgré la solidarité des riverains, avec des tensions débouchant régulièrement sur des rixes.

Les migrants seront logés dans une douzaine de centres pendant un mois, le temps de décider éventuellement de déposer une demande d'asile. «Ils pourront se reposer, faire leurs papiers... Tous seront pris en charge. C'est une urgence humanitaire pour eux», a assuré le préfet de la région d'Île-de-France et de Paris, Jean-François Carenco.

À l'issue de l'opération, une trentaine d'Afghans se sont brièvement rassemblés devant le dispositif, expliquant qu'ils n'étaient pas au lycée lors de l'évacuation, mais y avaient séjourné les jours précédents, avant d'être repoussés.

PHOTO JACQUES BRINON, AP