Un migrant afghan a été abattu par des gardes-frontières bulgares jeudi soir en essayant d'entrer illégalement en Bulgarie depuis la Turquie, a annoncé une porte-parole du ministère de l'Intérieur bulgare.

Le drame, qui coïncide avec l'adoption à Bruxelles d'un «plan d'action commun» entre l'UE et la Turquie pour endiguer les flux migratoires, est le premier cas connu de tir mortel de forces de l'ordre depuis le début de la crise qui a vu affluer des centaines de milliers de migrants en Europe.

La victime faisait partie d'un groupe d'une cinquantaine de migrants qui ont essayé d'entrer en Bulgarie dans le secteur de Sredets, dans le sud-est du pays, a précisé la même source.

«Un grand groupe de migrants illégaux a essayé d'entrer en Bulgarie. L'un d'eux a été blessé et a succombé à ses blessures sur la route vers l'hôpital» vers 19H00 GMT, a déclaré à l'AFP la porte-parole.

Un haut responsable du ministère de l'Intérieur, Gueorgui Kostov, a précisé à la radio publique BNR qu'une balle tirée par la patrouille bulgare sans intention de toucher quelqu'un avait «rebondi, blessant à la nuque» un des migrants.

La victime faisait partie d'un groupe de 50 migrants âgés de 20 à 30 ans, dont tous les autres membres été interpellés. Ils «n'avaient pas obéi» à un ordre de s'arrêter de la patrouille de la police des frontières bulgare, a-t-il précisé.



Les migrants n'étaient pas armés


«Aucun des migrants n'était armé, mais ils ont fait preuve de résistance», a précisé le responsable.

Le drame a conduit le premier ministre bulgare Boïko Borissov à quitter d'urgence jeudi soir le sommet de Bruxelles sur les migrations. Le président du Conseil européen Donald Tusk a déclaré avoir été informé de l'incident par M. Borissov avant son départ.

«Cela montre à quel point notre discussion était importante. Le premier ministre Borissov sait que nous sommes prêts à aider (...) à rétablir le contrôle sur nos frontières extérieures», a-t-il souligné, interrogé par un journaliste bulgare.

Membre de l'Union européenne mais pas de l'espace Schengen de libre circulation, la Bulgarie reste en marge du principal flux de migration vers l'Europe occidentale qui passe par la Grèce, la Macédoine et la Serbie.

Clôture

Le pays a cependant vu transiter plusieurs dizaines de milliers de migrants depuis le début de l'année, selon les estimations. Sofia a fait ériger une clôture de 30 km sur une section de la frontière avec la Turquie et a mobilisé quelque 2000 policiers, ainsi que des militaires, aux frontières.

À la différence de la Grèce, les migrants qui pénètrent en Bulgarie y sont soumis à une procédure d'enregistrement et doivent en principe attendre plusieurs mois avant d'obtenir un statut de réfugié leur permettant de voyager en Europe sans s'y installer.