La tante du petit Aylan, retrouvé noyé sur une plage turque et devenu symbole du drame des migrants en Europe, a appelé lundi à Bruxelles les dirigeants européens à «ouvrir leur coeur», peu avant une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE.

Petite silhouette frêle sur le rond-point Schumann, au coeur du quartier des institutions européennes, Tima Kurdi a demandé aux ministres de l'Intérieur qui se retrouvent à Bruxelles d'«ouvrir leur coeur, de prendre des mesures et d'aboutir à un projet partagé».

«C'est pour cela que je suis là, pour honorer la famille de mon frère. On ne veut plus que des gens meurent. Ce sont comme votre famille, cela pourrait arriver à n'importe qui», a plaidé, émue, Mme Kurdi.

La tante d'Aylan s'est rendue à Bruxelles à l'invitation des militants d'Avaaz, un collectif citoyen qui pétitionne et organise des campagnes dans le monde. Elle y a rencontré le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, et devrait rencontrer d'autres responsables, selon Avaaz.

Ce collectif a érigé un mur au milieu du rond-point couvert de photos et de messages de citoyens européens souhaitant la bienvenue aux réfugiés.

«Willkommen in Deutschland», écrit ainsi Ulrich, d'Allemagne. Un Français, Ibanez, s'affiche avec sa fille et une pancarte indiquant: «Le partage sauvera le monde».

Les messages venaient de partout en Europe, d'Allemagne, France, Grèce, Espagne, mais aussi des Pays-Bas et du Danemark.

Plus d'un million de personnes ont signé la pétition d'Avaaz en faveur de l'accueil des réfugiés, et 20 000 ont envoyé des messages de soutien, a indiqué un porte-parole du collectif.

«C'est un moment crucial», a déclaré de son côté Luis Morago, directeur de campagne d'Avaaz à Bruxelles.

«Les choses ne se présentent pas très bien, mais avec le rassemblement de l'opinion publique, avec l'effet de catalyseur de la mort d'Aylan, on voit déjà les choses changer, un élan politique», a-t-il ajouté.

Avaaz a terminé sa petite manifestation avec des caricatures d'Angela Merkel, François Hollande et David Cameron regardant un homme paré d'un masque de Viktor Orban, le premier ministre populiste hongrois, installer des barbelés, avant qu'«Angela Merkel» ne s'empare de pinces pour les découper.