Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a estimé lundi que l'Allemagne pourrait avoir à accueillir jusqu'à «un million» de migrants en 2015, largement au-delà des 800 000 sur lesquels tablait jusqu'alors Berlin.

«Il y a de nombreux signes qui montrent que cette année, nous n'aurons pas à prendre en charge 800 000 réfugiés comme l'a prévu le ministère de l'Intérieur, mais un million», a déclaré M. Gabriel sur le site internet du Parti social-démocrate allemand (SPD), dont il est président.

L'Allemagne, qui a rétabli de façon «provisoire» les contrôles à ses frontières après avoir fait face à un nouvel afflux massif de migrants, s'attendait jusqu'à présent à recevoir 800 000 demandeurs d'asile en 2015, ce qui constituait déjà un record en Europe et pour le pays.

«L'Allemagne est forte et peut faire beaucoup de choses. Pourtant, ces derniers jours, nous avons vu que, en dépit de nos meilleures intentions, nos capacités de prendre en charge les gens ont atteint leurs limites», a-t-il ajouté.

«En dépit de nombreuses discussions avec nos partenaires européens, nous ne sommes pas encore parvenus à trouver une solution européenne pour la crise des réfugiés», a insisté M. Gabriel, alors qu'une réunion sur une clé de répartition des migrants au sein des 28 pays de l'Union européenne est prévue dans la journée à Bruxelles.

Lundi matin, dans un entretien au quotidien Der Tagesspiegel, M. Gabriel avait déjà dénoncé «l'inaction de l'Europe» qui a conduit l'Allemagne «aux limites de ses capacités» d'accueil. Le problème «n'est pas en premier lieu le nombre de réfugiés, mais la rapidité avec laquelle ils arrivent», a-t-il souligné dans le quotidien berlinois.

«Sans une solution européenne commune et contraignante, nous n'arriverons pas à surmonter cette crise des réfugiés», a-t-il prévenu sur le site du SPD, alors que Berlin plaide pour la mise en place de quotas contraignants et sans plafond au sein des 28 pays, solution que plusieurs pays, la Hongrie en tête, refusent.

«Aucun pays ne peut réussir seul la prise en charge et l'hébergement des réfugiés. Il est nécessaire que nous le signifiions clairement à nos voisins», a encore martelé le ministre de l'Économie de la chancelière Angela Merkel.

Dimanche, Berlin a annoncé la réintroduction «provisoire» de contrôles à ses frontières, suspendant de facto la libre circulation prévue dans l'espace Schengen européen et marquant une nouvelle aggravation de la crise migratoire sur le continent.