Le Canada est le seul pays du monde à exiger des intérêts aux réfugiés sur des prêts de voyage, faisant crouler les nouveaux arrivants sous une dette alors qu'il tentent de rebâtir leur vie, selon des organismes.

Le gouvernement fédéral exige que les réfugiés en parrainage privé ou pris en charge par le gouvernement paient leurs propres dépenses de voyage et leurs examens médicaux subis à l'étranger, et prête à cette fin jusqu'à 10 000 $ à des familles.

Des taux d'intérêts font leur apparition un à trois ans après le prêt. Leur taux annuel est fixe, et il se chiffre à 1,38% en 2015.

Chris Friesen, de l'Immigrant Services Society, en Colombie-Britannique, une organisation à but non lucratif de soutien aux réfugiés, explique que les familles sont «désespérées et impatientes» de rembourser leur prêt, «un petit geste qui démontre leur immense gratitude envers le gouvernement».

Toutefois, plusieurs sont forcés d'utiliser l'argent destiné à la nourriture pour faire ce remboursement.

M. Friesen dit que certains pays, dont les États-Unis et l'Australie, demandent aux réfugiés de rembourser de tels prêts, mais sans intérêt.

Au Canada, environ 91% des réfugiés remboursent leur prêt, dont Samed Aldhmad. Ce Syrien père de cinq enfants qui demeure maintenant à Surrey, en Colombie-Britannique, a remis 7 019,47 $ en moins d'un an à l'aide des prestations fiscales reçues pour ses enfants.

Immigration et Citoyenneté Canada a expliqué par courriel que les réfugiés ne disposaient généralement pas de beaucoup de ressources financières et qu'ils ne pouvaient pas accéder aux institutions de prêts traditionnelles. «Le Programme des prêts aux immigrants leur donne accès à des fonds qui ne seraient pas disponibles autrement», a-t-il écrit.

Les réfugiés ont jusqu'à six ans pour rembourser leur prêt, et ils peuvent demander une révision de leurs arrangements financiers à n'importe quel moment, dit le ministère.

Ottawa prête jusqu'à 110 millions par année à partir du Fonds consolidé du revenu du Canada. Quand des paiements sont reçus de la part des réfugiés, l'argent est réinvesti dans ce fonds en vue de financer de nouveaux prêts.

Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) estime que le gouvernement pourrait assumer les coûts du transport et des examens médicaux outre-mer des réfugiés pour une somme annuelle de 13 à 15 millions et annuler les emprunts actifs et non remboursés pour un total d'environ 38 millions.

La directrice du CCR, Janet Dench, affirme que plusieurs réfugiés doivent occuper des emplois au salaire minimum pour payer leur dettes plutôt que de chercher à suivre des cours de langue ou à poursuivre leur éducation.

«Cela cause beaucoup de stress aux gens, déplore-t-elle. Nous avons entendu parler de réfugiés qui se rendent dans les bureaux des agents d'établissements gouvernementaux et qui se mettent à pleurer.»