Le Canada a changé d'approche dans sa gestion de l'accueil des réfugiés, selon des experts, qui ont souligné le contraste entre la situation actuelle des Syriens et celle des Vietnamiens dans les années 1970.

Catherine Dauvergne, doyenne de la Faculté de droit de l'Université de la Colombie-Britannique, a rappelé que les gouvernements libéraux et conservateurs des années 1970 et 1980 avaient accueilli à bras ouverts 60 000 réfugiés indochinois qui fuyaient les régimes communistes après la chute de Saïgon, au Vietnam, en 1975.

«Le Canada était un chef de file mondial en ce qui a trait à la réaction du gouvernement et celle de la population canadienne», a-t-elle relaté. Le pays avait également agi rapidement à l'égard de demandes de réfugiés albanais au Kosovo qui voulaient s'échapper de la guerre dans les Balkans. Entre le 4 et le 23 mai 1999, le Canada avait accueilli 250 personnes par jour.

Or, la réponse du Canada à la guerre civile en Syrie ne s'est pas conformée aux exemples historiques, selon Mme Dauvergne, une experte en droit de l'immigration au Canada et en Australie.

«Le gouvernement en fait très peu et ses engagements sont en majorité délégués au secteur à but non lucratif, alors cette réaction est manifestement différente de celles du passé», a-t-elle estimé.

Le ministre fédéral de l'Immigration, Chris Alexander, affirme que le Canada a accueilli 22 000 Irakiens et 2300 Syriens jusqu'à présent. Le gouvernement s'est fixé comme objectif d'accepter la venue de 23 000 Irakiens et 11 300 Syriens.

Cependant, les changements apportés par les conservateurs à la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés et aux autres lois compliquent les démarches des réfugiés qui veulent rester au pays, selon Mme Dauvergne. Par exemple, les amendements ajoutés en 2012 qui permettent au ministre de désigner les zones sécuritaires et celles qui ne le sont pas créent des procédures différentes pour chaque groupe.

Cette mesure, et d'autres, ont réduit l'afflux de réfugiés au pays, selon la spécialiste.

La professeure de droit à l'Université de Toronto Audrey Macklin croit que la question des réfugiés est plus «politisée» de nos jours. De plus, les groupes privés seraient freinés par les nombreuses mesures administratives en lien avec l'accueil de migrants au pays.

Même son de cloche du côté de Lee Cohen, un avocat en droit de l'immigration. M. Cohen, qui travaille auprès des réfugiés de Halifax depuis les années 1980, dit s'être heurté à de nombreuses difficultés depuis le changement de cap du gouvernement conservateur.