L'aile radicale du Parti républicain peut ajouter une nouvelle tête à son tableau de chasse. Après John Boehner, Kevin McCarthy a succombé à son tour hier aux tirs fratricides de ses collègues les plus conservateurs à la Chambre des représentants.

Bref retour en arrière: le 25 septembre, John Boehner a pris tout le monde de court en annonçant son intention de quitter, fin octobre, son poste de président de la Chambre. Poste qui faisait de ce représentant d'Ohio à la larme facile l'un des politiciens les plus puissants à Washington. Sa démission était considérée comme une victoire pour les ultras de son parti, qui lui reprochaient notamment de ne pas combattre les programmes et visées de Barack Obama avec assez de vigueur.

Kevin McCarthy, 50 ans, était le candidat favori pour succéder à John Boehner, dont il était l'un des principaux lieutenants en tant que chef de la majorité. Or, le représentant de Californie a réservé une surprise de taille à ses collègues hier matin en leur annonçant son retrait de la course à la présidence de la Chambre.

«Ces dernières semaines, il est devenu évident que notre groupe est profondément divisé et a besoin de se rassembler derrière un leader, a déclaré Kevin McCarthy dans un communiqué. J'ai toujours mis les intérêts du groupe avant les miens. Par conséquent, je retire ma candidature.»

Des divergences tenaces

Les divisions républicaines ont éclaté au grand jour mercredi lorsque environ 40 membres radicaux de la majorité ont désigné leur propre candidat au poste de président, en l'occurrence Daniel Webster, un représentant de Floride peu connu.

Dès lors, Kevin McCarthy n'était plus assuré d'obtenir l'appui de 218 des 247 représentants républicains dont il avait besoin pour être élu à la place de John Boehner. Le vote à la Chambre était prévu le 29 octobre. De toute évidence, le représentant McCarthy ne se sentait pas capable de faire le pont entre les différents groupes de la majorité, dont une aile radicale issue en bonne partie du mouvement Tea Party et mise en appétit par la démission de John Boehner.

«Nous avons besoin d'un nouveau visage», a-t-il déclaré en conférence de presse.

Kevin McCarthy n'avait certes pas aidé sa cause la semaine dernière en affirmant sur Fox News qu'une commission spéciale de la Chambre sur l'attaque de septembre 2012 contre la mission diplomatique des États-Unis à Benghazi, en Libye, avait pour but de nuire politiquement à Hillary Clinton. C'était peut-être vrai, mais il ne fallait pas l'avouer publiquement!

Le représentant de l'Utah Jason Chaffetz, qui avait également annoncé sa candidature au poste de président de la Chambre, s'est dit «absolument sidéré» par la décision de son collègue. Il n'était pas le seul à exprimer une telle surprise après un coup de théâtre qui a jeté la plus grande confusion parmi les républicains de la Chambre et offert à l'ensemble du pays l'image d'une majorité en plein chaos.

Tout comme Daniel Webster, Jason Chaffetz ne peut sérieusement espérer réunir les 218 votes requis pour devenir président de la Chambre. Le représentant du Wisconsin Paul Ryan, candidat à la vice-présidence en 2012, pourrait y parvenir, mais il a réitéré hier son refus d'accéder à la présidence de la Chambre.

John Boehner pourrait ainsi être obligé de reporter son départ de la Chambre, prévu le 30 octobre. Chose certaine, l'incertitude autour de sa succession tombe mal. Selon le Trésor américain, l'État fédéral ne sera plus en mesure de se financer après le 5 novembre si le Congrès n'approuve pas un relèvement du plafond de la dette, une décision à laquelle les radicaux républicains de la Chambre s'opposent.