La rentrée politique s'annonce mouvementée pour le président français François Hollande, qui aura fort à faire pour conserver le niveau de décontraction affiché hier à son arrivée à Paris.

Le chef d'État, de retour d'un séjour de deux semaines au fort de Brégançon, dans le Var, a déclaré aux journalistes venus l'accueillir à sa descente du train que «du travail» l'attend. Et que le changement se poursuivrait «à son rythme».

Une façon de répondre à mots couverts à l'ex-candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui se livre à une charge musclée à son encontre dans une entrevue au Journal du dimanche.

Le politicien d'extrême gauche affirme que les 100 premiers jours de François Hollande à la tête du pays n'ont «presque rien» donné, si ce n'est de diluer «le contenu insurrectionnel du vote de la présidentielle».

M. Mélenchon reproche notamment au dirigeant français de vouloir entériner sans changement majeur le traité budgétaire européen, qui impose des cibles très contraignantes aux pays signataires.

L'adoption du traité, qui pourra avoir lieu en septembre par un vote à majorité simple à l'Assemblée nationale, suscite aussi des critiques des élus écologistes, en plus de diviser le camp socialiste lui-même.

Le chef d'État doit aussi composer avec un vigoureux débat interne sur le sort des Roms, à la suite du démantèlement récent de plusieurs camps illicites. Une réunion interministérielle est prévue à ce sujet demain.

La journaliste Audrey Pulvar, conjointe du ministre socialiste Arnaud Montebourg, a déploré en éditorial dans le magazine Les Inrocks que la gauche copie ce que faisait la droite dans ce domaine, sans chercher de solution pérenne.

«Cher François, on n'a pas voté pour ça. Il est vrai que les promesses n'engagent que ceux qui y croient», a-t-elle souligné.

Dimanche, M. Montebourg est monté au front pour défendre le gouvernement, en arguant que le «chemin du changement» est un «chemin au long cours, escarpé, avec des obstacles, des tempêtes».

Le numéro deux du Parti socialiste, Harlem Désir, a lancé un appel à la solidarité de la gauche devant une droite «qui se déchirera» jusqu'au congrès de novembre de l'Union pour un mouvement populaire (UMP).

La table est mise au sein du parti pour un affrontement musclé entre son secrétaire général actuel, Jean-François Copé, et l'ancien premier ministre François Fillon.

Les deux hommes, qui ne s'apprécient guère, veulent obtenir la direction de la formation, perçue comme un tremplin incontournable pour obtenir l'investiture en vue de l'élection présidentielle de 2017.

Ils doivent composer avec l'ombre de Nicolas Sarkozy, qui demeure populaire auprès de la base du parti malgré son retrait officiel de la vie politique. Selon un sondage paru dimanche, 53% des sympathisants de l'UMP souhaitent que l'ancien chef d'État représente leur formation au prochain scrutin présidentiel.

L'ex-ministre Valérie Pécresse estime que Nicolas Sarkozy pourrait avoir «envie de revenir» si «un certain nombre de paramètres sont réunis».

«Je pense que face à François Hollande, il faut mettre sur le devant de la scène des hommes politiques de grande expérience avec le statut d'homme d'État», a-t-elle déclaré.