Jon Huntsman ne pouvait choisir un décor plus patriotique pour annoncer sa candidature à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012: derrière lui, la statue de la Liberté brandissait sa torche; de part et d'autre de la tribune, des drapeaux américains battaient au vent.

C'était, pour un candidat encore peu connu au sein même de son parti, une façon plus ou moins subtile de s'identifier à une icône républicaine, Ronald Reagan, qui avait lancé au même endroit sa campagne présidentielle de 1980, à une époque où les États-Unis en arrachaient autant qu'aujourd'hui.

«Pour la première fois de notre histoire, nous transmettons à la génération suivante un pays moins puissant, moins compatissant, moins compétitif et moins confiant que celui dont nous avons hérité. Cela, mesdames et messieurs, est totalement inacceptable et totalement antiaméricain», a déclaré Jon Huntsman, qui a démissionné en avril de son poste d'ambassadeur des États-Unis en Chine afin de briguer la présidence.

Père de sept enfants, dont deux ont été adoptées (l'une en Inde, l'autre en Chine), Jon Huntsman a servi son État natal, l'Utah, en tant que gouverneur de 2005 à 2009. Il venait à peine d'être réélu avec 78% des voix lorsque Barack Obama l'a nommé ambassadeur. Certains avaient vu dans la décision du président de l'envoyer en Chine une façon d'éloigner un adversaire dangereux pour l'élection présidentielle de 2012.

Même si la Maison-Blanche a toujours nié cette interprétation, Jon Huntsman demeure l'un des aspirants républicains dont la candidature inquiète le plus les stratèges démocrates.

Ses principaux atouts

1. Peu de prétendants présidentiels auront présenté un CV aussi étoffé que celui de Jon Huntsman. Maîtrisant le mandarin, il a été, à 32 ans, le plus jeune ambassadeur des États-Unis, à Singapour, sous la présidence de Bush père, avant de mettre en route les négociations de Doha sur le commerce international sous Bush fils. Il a également occupé un poste de direction à la tête du groupe chimique Huntsman Corp., fondé par son milliardaire de père, qui a fait fortune en fabriquant notamment les emballages des Big Mac. Et il gouverné l'Utah avant d'être nommé ambassadeur en Chine.

2. Même s'il a été élu deux fois au poste de gouverneur de l'Utah, l'un des États américains les plus conservateurs, Jon Huntsman est considéré comme un républicain modéré. Il s'est notamment prononcé en faveur des unions civiles pour les couples homosexuels. Et il ne nie pas le consensus de la communauté scientifique sur le réchauffement climatique. S'il remportait l'investiture républicaine, cette modération pourrait séduire plusieurs électeurs indépendants et même démocrates.

3. Une bonne partie de la presse est tombée amoureuse de Jon Huntsman, dont le visage s'est retrouvé en première page de plusieurs magazines, dont l'hebdomadaire Time, et cela, même s'il récolte moins de 3% d'appuis dans la plupart des sondages menés auprès des républicains.

Ses principaux handicaps

1. Il a travaillé pour Barack Obama, un politicien que certains républicains diabolisent. L'ancien ambassadeur des États-Unis en Chine a sans doute déçu plusieurs républicains hier en signalant qu'il ne formulera les critiques les plus virulentes à l'endroit du démocrate de la Maison-Blanche. «Je respecte le président. Lui et moi avons une différence d'opinion sur la façon d'aider le pays que nous aimons tous les deux», a-t-il dit.

2. La même modération politique qui pourrait aider Jon Huntsman dans un face-à-face avec Barack Obama lui nuira dans la course à l'investiture républicaine. Sa façon même de s'exprimer, qui fait appel à l'intelligence plutôt qu'aux émotions, tranche avec le style des politiciens qui obtiennent du succès auprès des évangélistes et des militants du Tea Party, deux électorats clés du Parti républicain.

3. Comme Mitt Romney, Jon Huntsman est mormon, une des seules religions, avec l'islam, susceptibles de nuire à un candidat présidentiel. Pas moins de 22% des Américains ne voteraient pas pour le candidat présidentiel de leur parti si celui-ci était mormon, selon un sondage Gallup publié cette semaine.