Il y a un an aujourd'hui, le conservateur David Cameron a été nommé premier ministre par les libéraux démocrates après cinq jours de suspense électoral. Malgré des coupes impopulaires dans les services sociaux, David Cameron a toujours la cote. Mais pour combien de temps?

En décembre dernier, quand le chef travailliste, Ed Miliband, lui a reproché sa filiation spirituelle avec Margaret Thatcher, le premier ministre David Cameron a répliqué devant la Chambre des communes: «J'aime mieux être fils de Thatcher que de Gordon Brown.» Aussitôt, des cris de victoire ont fusé dans ses rangs.

David Cameron, avec sa superbe habituelle, avait encore une fois décontenancé Ed Miliband, successeur de Gordon Brown.

Survivre aux mesures d'austérité

Les comparaisons avec la dame de fer, une figure encore controversée, tiennent cependant la route.

La douloureuse cure d'austérité entreprise pour combler le déficit budgétaire, le troisième en importance en Europe, a provoqué des émeutes étudiantes l'hiver dernier et une manifestation de 250 000 syndicalistes, jeunes parents et assistés sociaux le 26 mars.

Aussi, les perspectives d'emploi pour les jeunes chômeurs, au nombre de 1 million, sont si maigres qu'on parle de «génération perdue».

Malgré la sinistrose, l'étoile de David Cameron, chef de la coalition entre conservateurs et libéraux démocrates, refuse de pâlir. Sa cote de popularité frôle les 50%. Les conservateurs, jeudi dernier, ont remporté 86 sièges aux élections municipales.

La recette du succès

Pourquoi cette lune de miel prolongée?

Ancien professionnel des relations publiques, David Cameron prend soin de cultiver l'image d'un bon père de famille, d'un dirigeant près du peuple. Par exemple, sa femme et lui ont voyagé avec la compagnie aérienne à bas prix Ryanair pour un week-end amoureux en Espagne en avril dernier.

Aussi, il a récolté plusieurs succès diplomatiques. Il a été le premier chef de gouvernement, avec Nicolas Sarkozy, à proposer une zone d'exclusion aérienne en Libye, une intervention encore bien perçue aujourd'hui par l'opinion publique.

Quant aux coupes budgétaires, une majorité de Britanniques blâment toujours les anciens gouvernements de Tony Blair et de Gordon Brown.

«Ils traînent une vieille colère contre les travaillistes», explique Laurence Janta-Lipinski, de la firme de sondage YouGov.

Leur nouveau bouc émissaire est le chef des libéraux démocrates, Nick Clegg, qui a mis de côté la plupart de ses promesses électorales pour partager le pouvoir avec David Cameron.

Profitant des difficultés de l'opposition, le premier ministre a eu le champ libre jusqu'à présent au Parlement.

Ses beaux jours prendront fin quand les coupes deviendront tangibles, prédit le politologue David Jarvis. «Quand des bibliothèques municipales ou des programmes d'embauche disparaîtront dans six mois, ce sera sa première vraie épreuve», dit le professeur de l'Université de Cambridge.