La police française remue ciel et terre depuis 10 jours pour retrouver Xavier Dupont de Ligonnès, homme de 50 ans soupçonné d'avoir froidement assassiné sa femme et ses enfants au début du mois d'avril.

Les autorités croient qu'il a pu décider de faire disparaître sa famille après avoir vécu pendant des années une «double ou triple vie» qui était en voie de le rattraper.

Le suspect, qui fait l'objet d'un avis de recherche international, a été vu pour la dernière fois le 15 avril dans le sud de la France, à la sortie d'un hôtel bon marché du Var où il a abandonné sa voiture avant de disparaître.

Les spéculations vont bon train sur Facebook, où un groupe de plus d'un millier de personnes a été formé pour échanger des articles et des théories sur l'affaire.

L'attention accordée au disparu reflète la violence du crime mis au jour à la mi-avril. Les voisins de la famille, qui s'inquiétaient de voir le pavillon des Dupont de Ligonnès à l'abandon depuis plusieurs jours, ont alerté les policiers. Leurs recherches ont permis de découvrir une jambe sectionnée, un premier corps puis quatre autres cadavres, enveloppés dans des sacs de jute avec de la chaux et enfouis sous la terrasse arrière.

Agnès Dupont de Ligonnès, 48 ans, et les quatre enfants du couple, âgés de 13 à 20 ans, ont tous été «méthodiquement exécutés» de deux balles à la tête, au dire de la police, qui tente de reconstituer le parcours trouble du principal suspect pour comprendre ses éventuelles motivations.

Xavier Dupont de Ligonnès, perçu comme un «bon père de famille» par ses voisins, était issu comme sa femme d'un milieu catholique conservateur. Il semblait mener une vie paisible et prospère, mais les apparences étaient trompeuses à en juger par ce qu'on a pu apprendre depuis 10 jours.

Le suspect s'était inscrit dans un club de tir en décembre dernier et avait obtenu son permis en février. Les enquêteurs affirment par ailleurs qu'il avait récemment acquis un silencieux. Il semble qu'il ait réglé par chèque les dernières sommes dues à l'école de ses enfants en disant qu'ils devaient s'établir dans un autre pays sous peu et ne retourneraient donc pas en classe.

Le résidant nantais avait créé plusieurs entreprises, mais aucune ne générait véritablement de revenus. Il aurait pendant un temps fait vivre sa famille grâce à l'héritage de sa femme et feint de travailler.

Une femme qui se décrit comme son ancienne maîtresse a par ailleurs intenté récemment une poursuite contre lui pour récupérer un prêt de 50 000 euros (70 000$). En plus de devoir composer avec des problèmes d'argent qui risquaient d'exposer la précarité réelle de sa situation, Xavier Dupont de Ligonnès était taraudé par des interrogations métaphysiques. En 2010, sous un pseudonyme, il s'est notamment interrogé sur la notion de sacrifice dans un forum catholique. «En quoi Dieu a-t-il besoin (...) qu'on lui offre la mort d'une bête, d'un enfant, d'un homme... de son Fils?», a-t-il écrit.