L'affaire Bettencourt, du nom de la riche héritière de la firme L'Oréal, est passée à l'arrière-plan médiatique en France mais elle est loin d'être oubliée par les autorités judiciaires, qui multiplient les initiatives.

Hier, l'avocat de l'ex-ministre du Travail, Éric Woerth, a confirmé que les enquêteurs de la brigade financière avaient réalisé «très récemment» une perquisition à la résidence de son client.

«On voit que ça bouge. La perquisition n'est pas un acte d'agression», a indiqué Jean-Yves Le Borgne à la radio Europe 1 en cherchant à donner une tournure positive à l'intervention.

M. Woerth, qui se dit victime «d'acharnement», est soupçonné de trafic d'influence et de financement illégal de parti politique.

Sa femme a été recrutée en 2007 par le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, qui s'est vu remettre par la suite la Légion d'honneur par le politicien.

Selon l'ancienne comptable de la riche héritière, M. de Maistre aurait par ailleurs remis 150 000 euros en espèces au ministre pour financer la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Les deux hommes nient ces allégations.

La justice française s'intéresse également de près au rôle qu'a pu jouer l'entourage du chef d'État dans le déroulement des procédures judiciaires au coeur de l'affaire Bettencourt, déclenchée par un conflit entre l'héritière et sa fille, Françoise Meyers-Bettencourt.

Cette dernière accusait un photographe proche de sa mère de lui avoir extorqué des dons de plus d'un milliard d'euros en profitant de son état de faiblesse mentale. Les procédures engagées dans ce contexte ont mené à la divulgation d'enregistrements privés dans lequel M. de Maistre tenait plusieurs propos embarrassants pour M. Woerth et l'Élysée.

La police a récemment interviewé comme témoin un ancien conseiller juridique du président, Patrick Ouart, sur une possible ingérence de l'entourage présidentiel.

M. de Maistre affirmait dans les enregistrements que M. Ouart lui a annoncé, deux mois avant que la décision ne soit confirmée, que le procureur rejetterait une plainte déposée par la fille de Liliane Bettencourt.

Le conflit entre les deux femmes et le photographe a été résolu par une entente à l'amiable en décembre mais la police continue d'enquêter sur les allégations contenues dans les enregistrements.

En plus d'être mis en cause dans cette affaire, Éric Woerth est soupçonné de «prise illégale d'intérêts» à la suite de la vente d'une forêt domaniale à Compiègne. La Cour de justice de la République enquête à ce sujet.