Jeudi dernier, la Maison-Blanche a reconnu pour la première fois que Barack Obama briguera «probablement» un second mandat à la présidence en 2012. Ce soir, le démocrate aura la chance de prendre les devants sur ses adversaires républicains en lançant officieusement sa campagne.

Le prétexte n'est pas le moindre. Devant les chambres du Congrès réunies, le président prononcera le traditionnel discours sur l'état de l'Union, au cours duquel il devrait mettre l'accent sur l'emploi, la recherche et les déficits. Il poursuivra ainsi le recentrage politique qu'il a entrepris dans la foulée des résultats décevants des élections de mi-mandat pour les démocrates.

Ses chances d'être réélu sont-elles bonnes? Il est sans doute trop tôt pour répondre à cette question de façon assurée, mais on peut toujours spéculer.

Cinq raisons pour lesquelles Barack Obama risque d'être réélu en 2012

1. La difficulté de déloger un président sortant

Si l'on se fie aux résultats des 31 dernières élections présidentielles dans lesquelles un président sortant était candidat, Barack Obama a 67% des chances d'être réélu à la Maison-Blanche. George W. Bush a notamment été réélu avec 50,7% des suffrages malgré l'insatisfaction des électeurs relativement à l'économie et à la guerre en Irak.

2. L'amélioration de l'économie favorise le président sortant

L'embellie économique, aussi modeste soit-elle, a contribué au récent rebond de Barack Obama dans les sondages. Si la reprise s'avère soutenue, le président démocrate sera quasiment imbattable en 2012, un peu comme Ronald Reagan en 1984.

3. Une carte électorale avantageuse

Le président sortant pourrait perdre 5 des 28 États qu'il a remportés en 2008 - disons la Floride, l'Ohio, l'Indiana, la Caroline-du-Nord et la Virginie - et être réélu à la Maison-Blanche avec 279 votes électoraux s'il répète ses triomphes de 2008 dans les 23 autres États, selon une analyse de Chris Cillizza, du Washington Post.

4. Le poids de l'électorat hispanique

Les républicains ont tout fait depuis 2008 pour s'aliéner ces électeurs, dont l'importance s'accroît à chaque élection présidentielle. Les Latino-Américains pourraient notamment faire basculer le Nevada dans le camp démocrate en 2012.

5. La popularité personnelle du président

À part la frange de l'électorat qui voit en Barack Obama un Kényan d'obédience communiste, les Américains éprouvent de la sympathie pour leur président, qui demeure la personnalité politique la plus populaire aux États-Unis.

Cinq raisons pour lesquelles Barack Obama risque d'être battu en 2012

1. Nouvelle hausse du chômage

Depuis le début de sa présidence, Obama est aux prises avec un taux de chômage élevé. Sa réélection pourrait être compromise si ce taux demeure supérieur à 9%. Il se situe aujourd'hui à 9,4%.

2. Aggravation des déficits

La réduction du déficit est au deuxième rang des préoccupations des Américains après l'emploi, selon les sondages. Barack Obama doit parvenir à s'entendre avec le Congrès sur des mesures pour s'attaquer à ce problème, sinon il pourrait en payer le prix aux urnes.

3. Attentat terroriste aux États-Unis

Normalement, une attaque terroriste en sol américain devrait rassembler la population autour du président. Mais les républicains pourraient réussir à faire porter à Barack Obama une partie du blâme. D'autant plus que les Américains ont toujours eu tendance à faire plus confiance aux républicains qu'aux démocrates en matière de sécurité nationale.

4. Nomination d'un candidat républicain charismatique

Même s'ils se défendent d'être intéressés par la présidence en 2012, le nouveau sénateur de Floride, Marco Rubio, ou le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, pourraient galvaniser non seulement la base républicaine, mais également l'électorat modéré ou indépendant, ce qui semble être hors de la portée d'une Sarah Palin.

5. L'impopularité relative de la réforme de la santé

Près de la moitié de la population américaine souhaite l'abrogation de la réforme du système de santé promulguée l'an dernier par Barack Obama. Si le Congrès ou les tribunaux continuent à miner les fondements de cette réforme, la plus grande réalisation du président démocrate pourrait aussi devenir son plus gros boulet électoral.