Tandis que les autorités s'inquiètent de la progression de l'obésité dans l'Hexagone et ailleurs, des femmes françaises bataillent pour contrer la stigmatisation sociale suscitée par leurs rondeurs.

C'est le cas notamment de Nathalie Perrot, qui se souvient avec consternation des propos du psychologue d'une entreprise qui lui avait dit, il y a 20 ans, que son apparence physique l'empêcherait d'obtenir le poste qu'elle convoitait.

«Quelqu'un de moins fort que moi aurait pu sortir de là avec l'envie de se flinguer», relate en entrevue la femme de 38 ans, qui mesure 1 m55 et pèse 110 kg.

Elle travaille aujourd'hui à l'accueil d'un château touristique à Compiègne, dans le nord du pays. Une sorte de «revanche» contre les préjugés pour Mme Perrot, qui a décidé de pousser un cran plus loin l'affirmation personnelle en participant cette semaine à un concours de beauté pour «femmes rondes», à Calais.

Une vingtaine de participantes choisies d'après dossier ont défilé devant les juges lors d'une soirée qui visait, au dire de son organisateur, Thierry Frézard, à mieux accepter leur corps en mettant leurs rondeurs en valeur.

«Ce corps que j'ai longtemps détesté, je l'aime de plus en plus», affirme Nathalie Perrot, qui s'est d'abord inscrite au concours pour appuyer une amie qui hésitait à le faire.

Il n'est pas question pour autant de chanter les mérites du surpoids, souligne la jeune femme, qui ne s'offusque pas des mises en garde des spécialistes en santé publique sur la question. «Je ne suis pas du tout dans l'apologie de l'obésité. Des problèmes de santé importants peuvent en découler, j'en suis bien consciente.»

Même son de cloche d'Angélique Alves, qui a remporté un concours similaire l'année dernière. «Il y en a qui préconisent la grosseur, mais ce n'est pas mon cas. Si mon poids me posait des problèmes de santé, je ferais un régime. Mais je fonctionne sans souci. Je me considère comme une personne normale», souligne cette Parisienne de 23 ans, qui mesure 1 m65 et pèse 90 kg.

«Le jour où l'on s'affirme, le regard que les autres portent sur nous change complètement», dit Mme Alves, qui travaille aujourd'hui comme mannequin taille forte.

Elle ne fait pas de distinction entre les concours pour femmes rondes et les concours de beauté traditionnels: «Ça montre qu'on peut être belle avec ses rondeurs et que ça plaît vraiment.»