Dans son bureau, Ali El Dean Hillal est assis directement sous un portrait du président Hosni Moubarak, entouré d'un cadre doré.

Pas étonnant, donc, que ce responsable des communications de la formation politique qui règne sur l'Égypte (Parti national démocrate, PND) n'ait que de bons mots à dire sur le régime.

 

Ali El Dean Hillal a lui-même l'étoffe d'un politicien. Un charmeur aux cheveux blancs qui vous appelle par votre prénom, vous parle avec enthousiasme de son passé à Montréal - il a étudié à McGill - et utilise son timbre de voix suave pour riposter en douceur aux critiques.

Il balaie d'un revers de main, par exemple, celles qu'on lui rapporte au sujet des élections législatives. Scrutin que plusieurs estiment truqué. «Les partis politiques majeurs ne disent pas ça», réplique-t-il.

Il assure que ces élections seront «hautement transparentes». Entre autres parce que 4000 journalistes étrangers ont été accrédités pour couvrir l'événement.

Pourquoi, alors, ne pas accepter la présence d'observateurs étrangers impartiaux? Selon lui, le refus du gouvernement à ce sujet fait l'unanimité en sol égyptien (notons que les Frères musulmans, principal mouvement d'opposition, en réclament). «La culture égyptienne est très sensible à des interventions étrangères», explique-t-il.

Entre deux coups de fil - il compose ses numéros ou consulte son afficheur à l'aide d'une loupe -, il affirme que les Égyptiens sont en général beaucoup plus libres aujourd'hui.

«L'Égypte n'est pas le Canada, explique-t-il. Et personne ne prétend que son système politique est comme celui du Canada ou des États-Unis. Mais nous nous démocratisons. Nous nous démocratisons lentement mais sûrement.»

Questionné sur Gamal Moubarak, fils du président, il n'hésite pas à en faire l'éloge. Mais quand on lui demande si ce politicien ferait un bon chef d'État, il se défile avec tact. «Il y a des choses plus urgentes et plus importantes dont il faut parler», lance-t-il, laissant cet enjeu crucial en suspens.