À ne plus inviter au même souper de famille: Tony Blair et sa belle-soeur Lauren Booth. La militante de 43 ans épouse non seulement la cause des Palestiniens, elle pratique maintenant leur religion: l'islam. Une conversion vue en Grande-Bretagne comme un geste politique, voire hypocrite.

«Je m'appelle Lauren Booth et je suis musulmane.» Ce sont avec ces mots que la belle-soeur de Tony Blair est sortie du placard devant une grande assemblée de musulmans à Londres, le 23 octobre dernier.

Sa tignasse blonde dissimulée sous un foulard, la journaliste et demi-soeur de Cherie Blair a fait cette promesse aux participants de la conférence annuelle Global Peace and Unity: «Je ne tolérerai pas que l'islam soit présenté comme une religion agressive et violente.»

Lauren Booth lançait-elle un avertissement à l'ex-premier ministre Tony Blair? La femme de 43 ans a critiqué sa politique au Proche-Orient par le passé, notamment lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah libanais en 2006.

Elle lui a adressé une lettre fielleuse en septembre dans laquelle elle l'accuse de s'aligner sur Israël et de fermer les yeux sur le sort des Palestiniens. Tony Blair est émissaire de la paix au Proche-Orient pour le Quartet.

«Ta vision globale est que les musulmans sont fous, dangereux et qu'il vaut mieux les éviter», conclut-elle dans son réquisitoire.

Pasionaria de la cause palestinienne, Lauren Booth a pris part à une mission humanitaire dans la bande de Gaza en août 2008.

Syndrome de Stockholm

Toutefois, c'est en Iran qu'elle a décidé de se convertir à l'islam. Elle a connu son éveil spirituel en septembre dernier, dans une mosquée de Qom, une ville sainte du chiisme.

«Une joie spirituelle foudroyante m'a envahie, a-t-elle écrit dans le Daily Mail. Je savais que je n'étais plus une touriste de l'islam, mais une voyageuse au sein de sa communauté.»

Pendant ce temps, Tony Blair ne perd pas une occasion de prêcher la ligne dure face à l'Iran et ses ambitions nucléaires.

La conversion de Lauren Booth soulève railleries et sarcasmes au Royaume-Uni, notamment à cause de sa collaboration avec la chaîne d'information iranienne Press TV, où elle anime des émissions depuis 2009. Jugé en Occident comme un organe de propagande du régime d'Ahmadinejad, le réseau anglophone a été plusieurs fois accusé d'antisémitisme.

«Une femme choisissant de devenir le visage acceptable d'une bande de voyous qui lapide des femmes adultères, c'est la quintessence du syndrome de Stockholm», a écrit la célèbre chroniqueuse de droite Julie Burchill.

«Comment une journaliste peut-elle visiter l'Iran et ne pas rapporter les injustices subies par son peuple», a renchéri l'Evening Standard.

»Voyage» vers l'islam

Ailleurs, la conversion de la nouvelle divorcée, mère de deux fillettes, est perçue comme un geste politique.

Face à cette volée de critiques, Lauren Booth a condamné la condescendance des Occidentaux envers les musulmanes dans une lettre ouverte mercredi. «Croyez-le ou non, elles peuvent être éduquées, travailler le même nombre d'heures que nous et même mener leur mari par le bout du nez», a-t-elle écrit.

Plus loin, la belle-soeur de Tony Blair se réjouit d'avoir abandonné l'alcool grâce à sa nouvelle religion. «Il y a tant de choses à apprendre, à aimer et à admirer dans l'islam.»

Pas un mot cependant sur les violations des droits de la personne dont est accusé le gouvernement iranien.