L'humoriste Stephen Colbert a tenté de faire rire un public difficile, hier: les membres du Congrès américain.

M. Colbert s'est rendu à Washington pour participer à des audiences sur l'immigration illégale, un sujet qu'il connaît bien «pour avoir travaillé une journée dans un champ cet été», a-t-il dit, avec le ton pince-sans-rire qui fait sa marque de commerce.

«Les fermes américaines sont dépendantes des travailleurs illégaux pour la récolte des fruits et légumes. La solution me semble évidente: arrêtons de manger des fruits et des légumes. Malheureusement, mon gastroentérologue m'a informé qu'ils ont une teneur élevée en fibres. Comme preuve, j'aimerais soumettre une vidéo de ma récente coloscopie pour les archives du Congrès.»

Colbert, qui anime l'émission de nouvelles satyriques The Colbert Report au réseau Comedy Central, a fait sa présentation à l'invitation du président du syndicat United Farm Workers (UFW), Arturo S. Rodriguez.

Il s'est moqué de l'indignation des ténors de la droite, qui critiquent régulièrement la présence des travailleurs illégaux en sol américain, en parodiant leur discours.

«Nous sommes en Amérique. Je ne veux pas que les tomates soient cueillies par un Mexicain. Je veux qu'elles soient cueillies par un Américain, et ensuite tranchées par un Guatémaltèque, et servies par un Vénézuélien, dans un spa où un Chilien m'administre une épilation brésilienne.»

En août, Colbert a passé une journée à travailler dans les champs, dans le cadre de la campagne «Prenez nos emplois», mise sur pied par l'UFW. Cette campagne vise à montrer aux Américains que le travail dans les champs est ingrat, et plus difficile qu'ils ne se l'imaginent.

L'humoriste a évoqué la mémoire de son arrière-grand-père pour défendre ses visées. «Mon arrière-grand-père n'a pas franchi les 4000 milles de l'océan Atlantique pour voir l'Amérique envahie par des immigrants, a dit Colbert. Il est venu parce qu'il a tué un homme en Irlande. C'est ce que veut la rumeur.»

La présentation a été critiquée par les politiciens des deux partis et les journalistes, qui ont estimé que le comédien a transformé les audiences en exercice d'autopromotion. Le public américain, lui, semble avoir apprécié: la nouvelle était sur toutes les tribunes, hier. La vidéo a suscité plus de 3000 commentaires sur site de CNN.

À la fin de sa présentation, Colbert a abandonné son personnage pour expliquer sa démarche.

«Les travailleurs immigrants sont les gens les moins puissants d'Amérique. Nous les invitons ici, et en même temps, nous leur demandons de partir. Ces gens souffrent et ils n'ont aucun droit.»