Par crainte d'attouchements sexuels, Air France évite désormais autant que possible que des adultes se retrouvent assis à côté de mineurs non accompagnés durant ses vols. La politique, approuvée par la Direction générale de l'aviation civile, a été introduite en réaction à des plaintes de parents.

«Le nombre de plaintes qui ont été enregistrées est extrêmement faible, on pourrait même dire infinitésimal, mais il y a en a eu», a indiqué une porte-parole de l'entreprise à l'appui de la nouvelle politique.

«Nous n'avons eu aucun incident de sécurité concernant des mineurs non accompagnés depuis la mise en place» en juillet 2009, a-t-elle ajouté.

La mesure ne s'applique que sur les vols incomplets lorsqu'il est possible de déplacer des passagers. Tout en évitant toute proximité immédiate, elle prévoit qu'un adulte doit se trouver dans le bloc de sièges voisin de celui du mineur pour lui prêter assistance en cas d'urgence.

L'approche préoccupe le syndicat Alter, qui regroupe le personnel naviguant d'Air France.

Selon son vice-président, Christophe Pesenti, l'entreprise «met en cause la sécurité des enfants» sous prétexte de se prémunir d'éventuelles poursuites découlant d'attouchements sexuels.

«En cas de dépressurisation soudaine de l'appareil, l'adulte ne pourra pas venir aider l'enfant parce qu'il ne pourra s'approcher sans se détacher, ce qui est interdit», dit-il.

Le personnel de bord doit aussi se soumettre aux mêmes consignes dans de telles circonstances, note le vice-président.

Bien qu'il comprenne et partage la volonté de l'entreprise de minimiser les risques d'attouchements, M. Pesenti pense que l'objectif serait mieux atteint en ajoutant du personnel pour accompagner les mineurs en vol.

Selon Air France, plusieurs autres grandes compagnies aériennes ont déjà adopté une approche similaire à la sienne.

C'est le cas notamment de British Airways, qui a dû verser récemment des indemnités à un passager pour «l'humiliation» subie au cours d'un vol entre Londres et le Luxembourg en avril 2009.

Le plaignant, qui avait décidé de changer de place avec sa femme pour lui permettre de voir par le hublot, s'était fait demander par une hôtesse de retourner à son siège initial parce qu'il se trouvait à côté d'un mineur non accompagné, les restrictions de place ne s'appliquant qu'aux hommes.

Les réactions de lecteurs du Figaro, qui a révélé la semaine dernière la politique d'Air France, indiquent que l'approche de l'entreprise risque aussi de susciter des heurts dans l'Hexagone.

«Air France devrait aller plus loin: ne pas me placer à côté d'une femme pour ne pas risquer de propos misogynes, ni à côté d'étrangers au cas où ma conversation serait mal interprétée...» ironise «Kazimodo».

«Malheureuse époque où la suspicion dépasse la confiance, où la peur de la responsabilité du personnel naviguant est supérieure au sens du service», relève un autre lecteur.

Air France affirme ne pas avoir eu d'échos particuliers de sa clientèle au sujet de la nouvelle politique, qui est là pour rester, souligne une porte-parole.

«Beaucoup de parents nous font confiance avec leurs enfants. La sécurité est notre priorité», dit-elle.