Le président français Nicolas Sarkozy a promis hier à ses compatriotes que l'exécution «barbare» d'un travailleur humanitaire enlevé il y a plusieurs mois au Sahel ne resterait pas impunie, tout en tentant à l'avance de désamorcer la polémique qui s'annonce quant aux circonstances de sa mort.

Le chef de l'État français, Nicolas Sarkozy, a confirmé hier la mort de Michel Germaneau, un travailleur humanitaire originaire de l'Essonne, lors d'une intervention télévisée qui a suivi une réunion d'urgence. L'homme avait été enlevé en février au Niger par une section d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.

«Cette mort dans des conditions tragiques illustre que nous avons affaire à des gens qui n'ont aucun respect de la vie humaine. Ils ont assassiné de sang-froid une personne de 78 ans, malade, à qui ils ont refusé de fournir les médicaments dont elle avait besoin», a indiqué le politicien en relevant les troubles cardiaques dont souffrait M. Germaneau.

Il a assuré que tout avait été mis en oeuvre pour faire libérer l'otage, qui s'était rendu en Afrique sous les auspices d'une petite association d'aide active dans les secteurs de la santé et de l'éducation.

Le président Sarkozy a insisté sur le fait que la France avait le «devoir» de participer à un raid lancé jeudi dernier contre un camp d'Al-Qaïda en Mauritanie, où l'homme était possiblement retenu.

«Le camp de base qui a été détruit était susceptible d'être le lieu de détention de Michel Germaneau. Malheureusement, (il) ne s'y trouvait pas. Aujourd'hui, il est mort», a déclaré Nicolas Sarkozy, qui prie «instamment» les Français d'éviter la région désertique qui chevauche le Niger, l'Algérie, le Mali et la Mauritanie, où s'active l'organisation terroriste.

Un dirigeant d'Al-Qaïda au Maghreb islamique avait annoncé dimanche, dans un enregistrement transmis à la chaîne Al-Jazira, que l'otage français avait été tué en représailles pour «les frères tués dans la lâche opération de la France». Six islamistes ont été abattus lors du raid, mené en collaboration avec les forces mauritaniennes.

Le maire socialiste de la ville de Marcoussis, où vivait Michel Germaneau, a déclaré hier sur les ondes de la chaîne LCI qu'il souhaitait que la lumière soit faite sur les «zones d'ombre» entourant la mort de l'otage.

«Je souhaite qu'on me dise comment, pourquoi, dans quelles conditions et qui a décidé ces opérations militaires, avec quelle part de risque pour l'otage, avec quelles conséquences», a déclaré Olivier Thomas.

La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a déclaré pour sa part que les conditions «effrayantes» de la détention et de l'exécution de Michel Galarneau devront être éclaircies.

L'Élysée a insisté sur le fait qu'aucun «début de dialogue» n'avait pu être établi avec les ravisseurs. Un autre ressortissant français enlevé dans la région, Pierre Calmatte, avait été libéré en février en échange de plusieurs militants islamistes.

Otages espagnols

La confirmation de la mort de Michel Germaneau a eu un écho important en Espagne, où le gouvernement multiplie les efforts pour obtenir la libération de deux travailleurs humanitaires détenus depuis huit mois par Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Madrid, qui a manifesté par communiqué sa «pleine solidarité» à la France face au «crime brutal» dénoncé hier par Nicolas Sarkozy, a déclaré il y a quelques jours que ses deux ressortissants étaient toujours en bonne santé.