C'est le genre de scénario qui ne serait pas déplacé dans la série de télévision américaine 24 heures chrono mettant en vedette l'agent Jack Bauer. Après une chasse à l'homme haletante, un homme soupçonné de terrorisme est interpellé à l'aéroport JFK de New York alors qu'il est sur le point de s'envoler pour Dubaï.

De la fiction à la réalité, il y a bien sûr des différences: Faisal Shahzad, soupçonné d'avoir tenté de faire exploser les charges déposées dans un 4x4 samedi soir à Times Square, serait passé aux aveux sans que les enquêteurs n'aient à recourir à des méthodes d'interrogatoire musclées à la Jack Bauer. Selon les procureurs fédéraux, cet Américain d'origine pakistanaise, âgé de 30 ans, n'a pas seulement reconnu son implication dans l'attentat raté. Il a également avoué avoir suivi une formation à la confection de bombes dans un camp d'entraînement du nord-ouest du Pakistan.

 

Moins de 72 heures après l'attentat avorté de Times Square, Faisal Shahzad a ainsi été inculpé de cinq chefs d'accusation par un tribunal de Manhattan, dont ceux d'«acte de terrorisme dépassant les frontières nationales» et de «tentative d'utilisation d'une arme de destruction massive».

«Il s'est agi d'un complot terroriste visant à tuer des Américains dans l'un des lieux les plus fréquentés du pays», a déclaré le ministre de la Justice américain, Eric Holder, lors d'une conférence de presse à Washington.

Répercussions à Karachi

L'arrestation de Shahzad, domicilié à Bridgeport, au Connecticut, a eu des répercussions hier à Karachi, grande ville portuaire du Pakistan, où au moins deux suspects ont été interpellés sur la base d'enregistrements téléphoniques de l'auteur présumé de l'attentat raté de New York.

L'un des suspects, Muhammad Rehan, aurait des liens avec le groupe islamiste Jaish-e-Mohammed. En 2009, il aurait accompagné Shahzad à Peshawar, porte d'entrée du Waziristan, région limitrophe de l'Afghanistan où se trouvent plusieurs camps d'entraînement pour extrémistes.

Marié à une femme qui vit au Pakistan, Faisal Shahzad a séjourné dans son pays d'origine d'avril à août 2009, avant de retourner au Connecticut.

Samedi soir, les policiers de New York ont découvert à l'angle de la 45e Rue et de Broadway un Nissan Pathfinder dans lequel avait été dissimulé un engin explosif fait de feux d'artifice, de bidons d'essence et de bonbonnes de gaz.

«Rien ne les arrêtera»

Même si l'agencement des engins explosifs témoignait d'un amateurisme certain, Barack Obama a réagi avec le plus grand sérieux à l'arrestation de Shahzad hier matin.

«Nous ne nous laisserons pas terroriser, nous ne nous recroquevillerons pas dans la peur», a déclaré le président au cours d'une allocution devant le Business Council à Washington. «Justice sera rendue, nous allons continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger le peuple américain.»

Et d'ajouter: «Cette affaire est un nouveau rappel de l'époque dans laquelle nous vivons. Dans le monde et ici chez nous, il y a des gens qui sont prêts à attaquer nos citoyens et qui massacreraient des hommes, femmes et enfants innocents dans leur quête meurtrière. Rien ne les arrêtera.