Les Français, contrairement aux Québécois, ont l'habitude de sortir le portefeuille ou le chéquier lorsqu'ils consultent un médecin.

Ils doivent en effet payer sur place une somme de plus d'une trentaine de dollars qui leur est ensuite remboursée en partie, sur présentation de pièces justificatives dûment remplies et signées.

La Sécurité sociale rembourse à hauteur de 70%, moins 1 euro à titre de «participation forfaitaire».

Au final, la somme à payer pour une consultation de base est d'un peu moins de 8 euros, soit une douzaine de dollars, soit deux fois moins que la contribution de 25$ évoquée dans le budget du gouvernement québécois.

La contribution de 1 euro a été introduite il y a cinq ans pour combler en partie le déficit du système, qui dépassait 30 milliards de dollars l'année dernière.

À mesure que l'État impose de nouveaux frais ou retire certains services et médicaments de la couverture de base, les débours sont en constante augmentation pour les contribuables français, qui cherchent à combler le manque à gagner en se dotant d'assurances privées.

Dans les dernières décennies, les gouvernements français successifs n'ont cessé de sabrer la couverture de base. L'actuel gouvernement n'est pas en reste puisqu'il a introduit en 2008 de nouvelles franchises médicales qui forcent les usagers à payer environ 1$ par ordonnance et 3$ pour les transports sanitaires.

Bien que ces frais soient en apparence modestes, ils avaient généré une importante levée de boucliers. Des personnes atteintes d'une maladie chronique ou incurable, comme des sidéens, ont même entrepris des «grèves de soins» pour protester contre ces frais, soulignant le caractère délicat de la question dans le pays.

«Rationner les pauvres»

Le sociologue Frédéric Pierru, auteur d'un livre sur l'évolution du système de santé français, a récemment déclaré au quotidien Le Monde que «tous les travaux en économie de la santé ont montré que les tickets modérateurs et autres forfaits hospitaliers n'ont eu pour effet que de rationner les pauvres sans parvenir à maîtriser la dépense globale».

La situation en France n'a rien de très original puisque de plus en plus de pays européens demandent un effort financier croissant aux usagers pour tenter d'endiguer l'explosion des dépenses médicales.

Le vieillissement de la population, l'explosion du coût des médicaments et la cherté des technologies exercent une forte pression sur les coffres des États, qui multiplient les mesures «d'incitation financière» du genre de celles que le gouvernement québécois a mises de l'avant.

«Concrètement, on constate partout un désengagement des pouvoirs publics dans le financement», a récemment résumé la Fédération européenne des médecins salariés.