Quand le soleil s'est levé sur Middletown, au lendemain de la puissante explosion survenue dans la centrale électrique Kleen Energy, huit ouvriers manquaient encore à l'appel, une donnée laissant présager un bilan encore plus douloureux que celui de la veille.

Mais il y a des limites au malheur de Middletown, une ville de 45 000 habitants en bordure du fleuve Connecticut. Quelques heures après le lever du jour, les autorités municipales ont en effet annoncé avoir retrouvé toutes les personnes qui travaillaient à l'usine au moment de l'explosion au gaz.

 

Le bilan de 5 morts et de 12 blessés serait donc définitif. Dans les circonstances - on a parlé dimanche d'un bilan pouvant atteindre 50 morts -, la nouvelle est bonne, mais elle ne suffira pas à consoler les parents, amis et collègues des victimes, dont l'identité a été dévoilée en fin de journée hier. L'un d'eux, Roy Ruston, était originaire de Hamilton, en Ontario. Trois autres avaient vu le jour au Connecticut, le dernier au Missouri.

«J'ai perdu deux amis», a déclaré Michael Rosario, représentant du syndicat local des plombiers et ajusteurs, en éclatant en sanglots devant les journalistes, non loin de la centrale électrique. «Je suis vraiment désolé qu'une chose pareille se soit produite. Ils étaient des personnes extraordinaires. Nous sommes tous des frères et des soeurs.»

Chuck Appleby, représentant d'un syndicat local de menuisiers, a exprimé le même choc au lendemain de l'explosion, qui a blessé huit de ses collègues.

«Nous sommes juste des personnes ordinaires, a-t-il dit. Nous enfilons nos habits de travail et accomplissons un boulot dangereux chaque jour. Ceux qui sont morts tentaient de gagner leur vie en faisant des heures supplémentaires le dimanche. Après, ils devaient rentrer à la maison et regarder le Super Bowl. Cela n'est pas arrivé.»

L'explosion, qui a été ressentie à plusieurs kilomètres à la ronde, a eu lieu à 11h17 au moment où des ouvriers mettaient à l'essai des conduites de gaz.

Enquête

Une enquête sera ouverte pour déterminer les causes de la déflagration. Le chef de police de Middleton, Patrick McMahon, n'a pas écarté l'hypothèse d'une négligence criminelle.

Des entorses au protocole de sécurité sont peut-être à l'origine de l'explosion, selon le Hartford Courant. Des sources anonymes ont notamment affirmé au quotidien de la capitale du Connecticut que des soudeurs n'avaient pas cessé leur travail pendant la mise à l'essai des conduites de gaz.

William Corvo, un des partenaires principaux du Kleen Energy Project, a refusé de répondre aux questions des journalistes du Hartford Courant concernant le respect du protocole de sécurité dans son usine.

«Nous consacrons nos énergies à l'aspect humain de ce drame, a-t-il déclaré. Nous avons des gens qui ont été blessés, des gens qui ont été tués. Nous nous préoccupons de leurs familles.»

Les enquêteurs n'ont pas encore pu inspecter la centrale électrique, où les secouristes ont mis fin à leurs recherches dans la nuit de dimanche à hier en raison de l'instabilité des structures affaiblies par l'explosion. Des soudeurs se sont employés hier à consolider ces structures pour permettre aux enquêteurs de commencer leur travail et aux secouristes de finir le leur.

«C'est comme Tchernobyl», a déclaré le maire de Middletown, Sebastian Giuliano, en tentant de décrire l'usine Kleen Energy, dont la construction était presque terminée, au lendemain de l'explosion. «Toute l'enveloppe du bâtiment principal a été soufflée», a-t-il ajouté.

La centrale électrique, dont la construction avait coûté un milliard de dollars, devait commencer à produire de l'énergie ce printemps ou cet été. L'usine devait délivrer une puissance de 620 mégawatts.